Reconversion professionnelle rime avec formation

Depuis plus de cinq ans, la reconversion est non seulement valorisée mais encouragée. Les candidats sont nombreux. Cependant, un tel projet ne saurait se faire sans préparation ni accompagnement.

Bilan personnel, de compétences : plusieurs étapes sont possibles avant le choix de la formation. Istock.
Bilan personnel, de compétences : plusieurs étapes sont possibles avant le choix de la formation. Istock.

Contenu en partenariat avec CCI PARIS ILE-DE-FRANCE

En janvier, un actif sur cinq était engagé dans une action de reconversion professionnelle, et près d’un sur deux (47 %) parmi les demandeurs d’emploi, selon le 3e baromètre de la formation et de l’emploi 2022 (Centre Inffo et CSA).

Menée dans l’optique d’un changement de vie plus global, la reconversion ne s’apparente pas forcément à un virage à 180 degrés. Selon une étude de France Compétences, les changements de métier ne concernent même que la moitié de ceux qui se lancent. Parfois, il s’agit d’aller vers un autre secteur d’activité ou un statut différent. « Cela peut être un salarié qui veut exercer le même métier mais à son compte, pour maîtriser son temps », explique Thomas Jeanjean, directeur général adjoint de la CCI Paris Île-de-France en charge de l’éducation.

Capitaliser sur ses expériences et compétences

Quel que soit le degré de nouveautés, la reconversion ne s’improvise pas. D’ailleurs, 83 % des candidats à ce changement suivent une formation et 62 % sont accompagnés. Quand ce suivi est public, il est assuré par Pôle emploi, une collectivité locale, une chambre de commerce et d’industrie, un incubateur d’entreprise…

Entre le bilan personnel, celui de compétence, le choix de la formation, le fait de s’assurer de la faisabilité du projet et la préparation d’un dossier, « la prise de risque se prépare », explique Thomas Jeanjean. Certes, tout le monde n’est pas obligé de passer par toutes ces étapes, mais « s’il y en a bien une à ne pas négliger, souligne-t-il, c’est de savoir pourquoi cette envie de changer arrive et quelles en sont les incidences ».

Le conseiller en évolution professionnelle (CEP) peut vous y aider. Il est celui qui apporte un premier regard externe, oriente sur les formations, les organismes d’aide… Le consulter est gratuit (informations au 800.945.940 ou sur infocep.fr).

Des pompes funèbres au data center

« La reconversion ce n’est pas partir d’une page blanche », aux yeux de Thomas Jeanjean, « mais identifier ses points d’appui ». Autrement dit, il faut savoir capitaliser ses expériences, ses acquis. Parfois, c’est aussi une question d’opportunité. Comme celle qu’a saisie Adriano Moro, un Italien de 32 ans diplômé d’un BAC + 3. Salarié dans une entreprise de pompes funèbres comme vacataire, il était à la recherche d’un travail plus régulier. Son agence Pôle emploi le contacte un jour et lui propose une formation continue gratuite de huit semaines comme technicien Data center à LÉA-CFI, l’école des métiers de la ville de demain (école de la CCI de Région Paris Île-de-France).

Créée l’année dernière, celle-ci lui assure d’être recruté ensuite en CDI par l’un des deux leaders mondiaux du secteur. Adriano travaille donc aujourd’hui chez Interxion comme adjoint gestionnaire d’exploitation. « Très épanoui » dans son travail avec un salaire de 1 900 euros net, il aimerait « améliorer ses compétences et profiter de formation en interne. »

Sur des secteurs en tension comme le numérique, l’enjeu des entreprises et des organismes publics est de rendre les métiers visibles et attractifs. Et dans ces filières qui cherchent à recruter, plus qu’ailleurs, la collectivité prend à sa charge une grosse part du coût de la formation, quand ce n’est pas la totalité. Un prix global très variable d’une formation à l’autre, allant « du simple au triple », confirme Thomas Jeanjean. Il conseille plutôt de regarder « la prise en charge » tout en sachant que de nombreux mécanismes d’aides sont mis en place pour réduire la facture.

SPÉCIAL MOBILITÉ PROFESSIONNELLE – QUITTER PARIS

Notre DOSSIER complet au format PDF disponible ici

Stéphanie Lehericey, en cours de reconversion : « Je recherche surtout le côté épanouissant »

À 47 ans, Stéphanie Lehericey s'apprête à changer de vie. Cette ancienne préparatrice en pharmacie va passer un CAP tapissier d’ameublement en siège.
À 47 ans, Stéphanie Lehericey s'apprête à changer de vie. Cette ancienne préparatrice en pharmacie va passer un CAP tapissier d’ameublement en siège.

À 47 ans, passionnée de couture, Stéphanie Lehericey passera dans un mois son CAP tapissier d’ameublement en siège. Un vrai virage pour cette ancienne préparatrice en pharmacie, devenue commerciale dans une entreprise de vente d’éclairage public et de mobilier urbain.

Quel a été le déclic pour cette reconversion ?

En parallèle de mon emploi, je faisais déjà des vêtements, des costumes de théâtre, mais j’ai eu la trouille de me reconvertir à ce moment-là et préféré accepter une offre de travail dans une entreprise familiale où j’ai évolué. Jusqu’à ce que je ne m’y retrouve plus. En janvier 2021, je tombe sur un reportage à propos d’une fille formée à la tapisserie par les Compagnons du devoir. C’est apparu comme une évidence. Toujours salariée, j’ai regardé ce qui était possible comme options de reconversion et me suis mise à travailler le samedi avec une artisan, pour être sûre de mon coup.

Quelle formation avez-vous suivie ?

Cinq mois plus tard, j’ai postulé à quatre écoles, dû faire un CV, une lettre de motivation ainsi qu’un descriptif de mon projet dans lequel j’ai parlé de l’entreprise que je voulais créer et dont j’avais déjà le nom – La Causeuse – et le logo. J’ai été licenciée. Prise à la Fabrique (établissement de la CCI Paris Île-de-France, porte de Champerret, Paris XVIIe), ma formation a démarré en octobre avec cinq mois de pratique et j’ai enchaîné avec des stages différents pendant neuf semaines.

Comment la financez-vous ?

Mon CAP coûte 12 500 euros. Je l’ai financé toute seule, avec environ 4 000 euros de mon CPF (compte personnel de formation) jamais utilisé et mes indemnités de licenciement. J’ai de l’argent de côté que je garde pour fonder ma société. Pour la formation, à laquelle je me suis inscrite l’année prochaine, de tapissière d’ameublement en décor (coussins, rideaux, housses…), j’attends la réponse de financement de Pôle emploi et de la Région. Niveau salaire, j’ai fait mes calculs. J’ai aussi rencontré des artisans sous plusieurs statuts et expériences variées. Je recherche surtout le côté épanouissant.