Que s’est-il passé lors du concours d’entrée aux plus prestigieuses des grandes écoles de commerce ? Les témoignages se multiplient, pour dénoncer une tricherie de la part de nombreux candidats et un laxisme des surveillants dans une dizaine de centres d’examens, selon nos informations.
Une situation qui a poussé l’Association des professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales, l’Aphec, à adresser, lundi 30 mai, un courrier à la direction des admissions et concours (DAC) – qui dépend de la chambre de commerce et d’industrie de Paris-Ile-de-France – faisant état, à date, d’au moins une dizaine de situations problématiques. « Nous sommes en attente d’une réaction officielle avant de nous exprimer », rapporte son président, Alain Joyeux, qui ne souhaite pas apporter plus de détails.
Du 4 au 13 mai, après deux années de classe prépa, près de 10 000 candidats ont planché sur des dizaines d’épreuves écrites pour tenter de se hisser parmi les admissibles aux oraux et de finir parmi les 5 600 admis. La banque commune d’épreuves (BCE) est un concours commun à 19 écoles, dont les plus réputées telles que HEC, l’Essec, l’Edhec, l’ESCP ou GEM. En 2021, selon la DAC, 112 200 copies en provenance de 63 centres de concours avaient été compilées, l’opération mobilisant au total 2 000 concepteurs, correcteurs, examinateurs, chefs de centre, surveillants.
Alerté par des élèves à l’issue des épreuves, Antoine Crouzet, professeur à Paris, a aussitôt transmis les informations à ses collègues de l’Aphec. « Cela va de petits problèmes pas trop graves mais qui n’auraient jamais dû exister, comme l’absence de vérification d’identité, jusqu’à des surveillants qui s’absentent, laissant totalement seuls les candidats pendant de longues minutes, relate-t-il. S’ajoute une triche récurrente de certains qui composaient avec leur téléphone sur les genoux ou avec des feuilles de brouillon déjà préparées à l’avance. »
Rupture d’équité entre candidats
A Saint-Etienne, Paris, Toulouse, Versailles mais aussi Lyon, Nantes, Rennes, Reims, Marseille et dans un centre d’examen au Maroc, les mêmes situations sont rapportées, selon nos informations. « Nous avions nos sacs à nos pieds, avec la possibilité d’attraper des choses dedans sans réelle surveillance », indique Marc (tous les prénoms des candidats ont été modifiés).
« Lors de toutes les épreuves, personne ne veillait à ce que nous arrêtions d’écrire quand le temps était écoulé. Certains écrivaient ou numérotaient encore leurs pages quinze minutes après la fin de l’épreuve de maths de l’Edhec alors que nous avions bien commencé à 8 heures pile », décrit Sacha. « Les candidats étaient nombreux à utiliser leur téléphone à moins d’une minute du début de l’épreuve et cela même quand les sujets étaient distribués, complète Anna. Une candidate présente à côté de moi a notamment pu lire le sujet d’Economie sociologie histoire de l’ESCP à travers la feuille et relire rapidement le cours concerné sur son portable, bien évidemment sans qu’aucun surveillant n’y prête attention ou ne dise rien… »
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