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ReportageDe plus en plus de marchands d’art ouvrent des lieux à la campagne pour mieux recevoir le public au calme et dans un cadre propice à la rencontre.
Les collectionneurs habitués à pousser les lourdes portes vitrées de la galerie Hauser & Wirth à Zurich, Londres ou New York savent que le richissime couple suisse formé par Manuela Hauser et Iwan Wirth, l’un des plus puissants du monde de l’art, ne fait rien à moitié. Durslade Farm, leur domaine situé à moins d’une heure de Bristol, témoigne encore d’une ambition monumentale.
Pour accéder aux œuvres, les visiteurs longent une épicerie où ont été réunis les meilleures pièces de boucherie, le nec plus ultra du cidre et des laitages du Somerset, cette verdoyante campagne au sud de l’Angleterre. Il faut passer devant la terrasse du restaurant pour découvrir la première sculpture d’Henry Moore, parmi la centaine rassemblée pour une rétrospective qui débute le 28 mai : une arche de 700 kilos et de six mètres de haut, inspirée du site néolithique de Stonehenge.
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« La sculpture est un art de plein air, professait l’artiste décédé en 1986. La lumière du jour, celle du soleil, lui est nécessaire et pour moi le meilleur environnement de la sculpture est la nature, elle la complète. Je préfère voir une de mes œuvres dans un paysage quel qu’il soit plutôt que dans le plus beau bâtiment qui existe. » La galerie invite ici à approcher l’un des plus fameux sculpteurs britanniques, au rythme de la nature et de la gastronomie.
Alliance de l’art et de l’art de vivre
« Quand nous sommes arrivés ici, en 2005, c’était pour retrouver l’atmosphère rurale qui nous manquait depuis que nous avions quitté Zurich pour Londres », raconte Iwan Wirth devant un café torréfié par la maison. A l’entendre, l’histoire de Hauser Wirth Somerset s’est nouée au fil du temps, parce qu’il fallait bien produire les bons produits qui manquaient aux alentours, y compris des moutons et des vaches croisées wagyu-angus, puis du vin et bientôt du champagne. Puis loger les amis, les collaborateurs et, aujourd’hui, les touristes et les collectionneurs, dont certains viennent tout exprès en jet.
Le projet a changé d’échelle. Les visiteurs découvrent les bâtiments rénovés par l’architecte Luis Laplace, complétés d’extensions récentes, ouvrant sur un jardin planté de fleurs sauvages et de folles herbacées, dessiné par le paysagiste star néerlandais Piet Oudolf. L’alliage de l’art et de l’art de vivre est explicité dans un angle du restaurant, avec cette immense vitrine sur laquelle est collé le message « This is not an art work… This is art of food ».
Pendues derrière la paroi de verre, de larges pièces de viandes maturent devant un mur composé de briques en sel d’Himalaya… « La dernière chose dont je m’inquiétais, c’était le succès commercial de Somerset, mais ça marche du tonnerre ! », se félicite Iwan Wirth, qui a comptabilisé plus de 100 000 visiteurs depuis 2014. Parmi eux, ses « cent top collectionneurs ». Ce succès lui a donné envie de reproduire l’expérience en 2021 sur l’île sauvage de Minorque, en Espagne.
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