C’est une petite révolution dans le monde de l’enseignement supérieur. Alors que les classes préparatoires aux grandes écoles connaissent, depuis quelques années, une érosion de leur attractivité, un ovni pourrait leur voler la vedette auprès des bons élèves de terminale : les cycles pluridisciplinaires d’études supérieures (CPES).
En cette rentrée 2022, vingt-trois CPES sont proposés sur Parcoursup : vingt d’entre eux sont des créations. On trouve ainsi un CPES « sciences et société » au lycée Montaigne de Bordeaux ou au lycée Malherbe de Caen ; un CPES « sciences, environnement et société » au lycée Chateaubriand de Rennes ; un CPES « développement durable » au lycée Montesquieu du Mans… De nouveaux CPES viendront s’ajouter à la liste à la rentrée 2023, à commencer par celui du lycée parisien Louis-le-Grand, centré sur les humanités et les sciences des données, avec Paris Sciences et lettres (PSL).
Pendant longtemps, ce type de cursus n’était proposé qu’au lycée Henri-IV, qui a développé ce concept il y a dix ans, en partenariat avec l’université PSL. Avec ses trois parcours distincts (humanités, sciences, ou économie-droit), le CPES « historique » a rassemblé, cette année, 4 500 candidatures sur Parcoursup (pour 150 places) et a peu à peu trouvé sa place dans le paysage des bons élèves de terminale, aux côtés des doubles licences ou des grandes écoles postbac. « Parmi nos admis, 100 % ont obtenu une mention “très bien” au bac », explique Coralie Chevallier, vice-présidente de PSL.
« Le meilleur des deux mondes »
Le ministère de l’enseignement supérieur s’est appuyé sur la réussite de ce modèle pour pousser à la création de formations similaires, qui « cassent » la division historique entre les classes préparatoires aux grandes écoles et les licences. « On prend le meilleur des deux mondes », estime Emmanuelle Boulineau, vice-présidente de l’ENS Lyon, qui lance deux CPES avec le lycée du Parc, à la rentrée.
Contrairement aux prépas, les CPES sont diplômants : ils permettent d’obtenir une licence à l’issue du parcours de trois ans
D’un côté, ces formations sont sélectives à l’entrée, avec des classes réduites (vingt-quatre élèves pour chacune des classes de CPES lyonnaises) et des matières variées. De l’autre, elles ne sont pas tournées vers la préparation d’épreuves de concours, avec l’incertitude et la pression qui leur sont associées. Aussi, contrairement aux prépas, les CPES sont diplômants : ils permettent d’obtenir une licence, à l’issue du parcours de trois ans. A la fin, les élèves ont la possibilité soit de poursuivre en master ou d’intégrer une grande école par la voie des admissions parallèles. Quant aux enseignants, ils sont issus des deux mondes : des professeurs agrégés de prépa et des universitaires. « C’est le principe du bachelor of arts à l’américaine », commente Coralie Chevallier, de PSL.
Il vous reste 59.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.