Eolien en mer : la France produit enfin ses premiers électrons
Il s'agit d'une première en France, à l'exception d'une expérimentation au large de Croisic. Le site de Saint-Nazaire accueillera d'ici à la fin de l'année pas moins de 80 éoliennes devant permettre de produire une capacité totale de 480 MW.
Par Enrique Moreira
La production d'électricité est une industrie lente. Plus de dix ans après le lancement de l'appel d'offres du premier parc éolien en mer français, attribué à EDF Renouvelables et au canadien Enbridge en 2012, les premiers électrons ont été enfin produits cette semaine à partir des éoliennes implantées au large de Saint-Nazaire.
Le parc « a produit les premiers mégawattheures (MW) issus de l'éolien en mer français », a annoncé vendredi EDF Renouvelables, la division de l'électricien consacrée aux énergies éoliennes et solaires. Il s'agit d'une première en France, si l'on ne compte pas le projet pilote installé au large du Croisic.
80 éoliennes
Cela représente « une étape importante pour la transition énergétique », estime le groupe. Dans le rapport Futurs Energétiques 2050, les principaux scénarios de long terme imaginés par RTE (Réseau de Transport d'Electricité) comportaient tous une part importante de développement des énergies renouvelables, avec l'éolien en mer en bonne place.
A l'heure où la production d'électricité nucléaire d'EDF connaît de grosses difficultés, ces électrons venus du large sont bienvenus pour l'électricien français. D'autant que « la production va croître à mesure que de nouvelles éoliennes vont entrer en service », explique-t-il dans son communiqué.
Depuis la pose de la première éolienne, mi-avril, pas moins de 27 nouvelles machines ont été installées. D'ici à la fin de l'année, le parc devrait avoir accueilli la totalité de ses 80 engins d'une hauteur de 80 mètres chacune et dont les pâles, fabriquées dans l'usine GE à Cherbourg, atteignent 73,5 mètres. De quoi permettre à EDF une capacité totale de production de 480 MW. L'équivalent de la consommation électrique de 700.000 personnes par an.
50 GW en 2050
Premier des parcs éoliens en mer mis en service, Saint-Nazaire ne devrait pas rester seul très longtemps. « EDF Renouvelables et ses partenaires participent activement à [...] quatre projets éoliens en mer en cours de construction au large de Saint-Nazaire, Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, et un en développement au large de Dunkerque », rappelle l'électricien dans son communiqué.
Au total, en France, sept parcs éoliens posés - Saint-Nazaire, Fécamp, île d'Yeu-Noirmoutier (Vendée), Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer (Calvados), Dieppe-Le Tréport et Dunkerque (Nord) -, doivent être mis en service entre 2022 et 2027.
Les premières fermes pilotes d'éolien flottant doivent aussi commencer à fonctionner à partir de 2023. Un rythme qu'il faudra toutefois encore accélérer si la France entend tenir son objectif : Emmanuel Macron souhaite installer 50 parcs éoliens en mer d'ici à 2050, pour une puissance totale de 40 GW.
Enrique Moreira