Il dormait depuis janvier 2002. Le 22 mai, le Nyiragongo, le volcan le plus actif d’Afrique situé au nord de Goma, en République démocratique du Congo, est à nouveau entré en éruption, sans qu’aucune alerte n’ait été lancée. On déplore 32 morts et plus de 400 000 déplacés. Pourtant, un organisme était bien chargé de surveiller ce géant de 3 470 m : l’Observatoire volcanologique de Goma créé en 2002. Mais il tournait au ralenti depuis quelques mois, faute de financements… Ce énième sursaut du volcan considéré comme le plus dangereux d’Afrique s’inscrit dans un contexte de forte activité volcanique au niveau mondial : éjections de lave en Islande près de Reykjavik en mars, et au sommet de l’Etna (Sicile) en février.
Le 9 avril 2021, à 8 h 41, le bleu azur du ciel des Caraïbes s’est brusquement teinté de gris, quand la Soufrière de l’île de Saint-Vincent, dans l’Arc des Petites Antilles, s’est soudain réveillée. Une première explosion a projeté une gigantesque colonne de gaz et de cendres jusqu’à 8 km d’altitude. Puis une deuxième, encore plus haute, est survenue au milieu de l’après-midi, au moment où les autorités achevaient d’évacuer les 13 000 habitants de la zone la plus menacée.
Une trentaine d’autres ont suivi, empestant l’air d’une odeur de soufre et recouvrant l’ensemble du territoire d’une épaisse couche de cendre noire et collante. Poussées par les vents, les plus petites de ces poussières ont survolé l’océan avant de retomber sous forme de pluie sur les îles de la Barbade et de Sainte-Lucie. Une infime partie d’entre elles a même atteint les rivages de la Martinique, à 177 km de là…
A Saint-Vincent, contrairement à Goma, ce déchaînement des forces telluriques qui, dans les jours suivants, a pris la forme d’une série d’écoulements pyroclastiques – ces mélanges de gaz et de fragments de lave solidifiée dévalant pentes et vallées à plusieurs centaines de kilomètres par heure en détruisant tout sur leur passage – n’a, semble-t-il, pas fait de victimes. Les habitants ont toutefois eu à subir des pannes de courant et des coupures d’eau. De plus, le brassage des populations du nord de l’île, évacuées, avec celles du sud a, dans le contexte de pandémie de Covid-19, fait craindre une résurgence du virus.
Heureusement, les volcanologues avaient su anticiper les changements rapides du régime de l’éruption qui, en quelques heures à peine, est passée d’une phase « effusive », marquée par l’émission de coulées de lave, à une autre « explosive », comparable en termes de volume de matière éjectée à celle qui, en mai 1902, coûta la vie à 28 000 habitants de la Martinique, au moment de la catastrophe de la montagne Pelée. Ainsi, l’expérience d’autres cataclysmes et une connaissance approfondie de l’histoire du volcan ont évité, cette fois-ci, qu’aux désastres humanitaire et économique vienne s’ajouter une tragédie.
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