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La réforme du lycée général mise en place en 2018 avait pour objectif affiché de donner davantage de choix aux élèves en ne les enfermant pas dans une logique de filières : trois disciplines étudiées durant l’année de seconde sont choisies pour devenir des spécialités en classe de première, sur la base de leur appétence et de leur projet. En classe de terminale, ils n’en conservent plus que deux.
En parallèle, une refonte des programmes et une nouvelle organisation de l’emploi du temps ont eu comme conséquences de compliquer les choix des élèves. Pour illustrer ce qui a pu se passer, intéressons-nous aux cas particuliers des classes de seconde et de terminale spécialité mathématique, fondamentaux dans le parcours d’orientation de l’élève et qui cristallisent nombre de difficultés de la réforme.
Depuis des décennies, la classe de seconde a toujours représenté un palier difficile. L’hétérogénéité des groupes y est plus grande que dans d’autres niveaux car les élèves proviennent de différents collèges, la prise en charge par les enseignants y est donc plus compliquée.
Le programme qui prévalait de 2009 à 2018 revenait sur plusieurs notions déjà vues en classe de troisième pour les approfondir de manière théorique et rendre moins difficile la transition. Ce schéma est, à l’heure actuelle, encore appliqué pour le passage du CM2 à la 6e. Une grande partie des établissements, conscients de la difficulté, prévoyaient de dédoubler l’effectif en y ajoutant au moins une heure : trois heures d’études en classe entière et une heure où le groupe classe était divisé en deux, permettant à l’enseignant d’accompagner les élèves de manière plus personnalisée.
Un programme augmenté de 20 %
Par ailleurs, le programme de mathématiques du collège avait été revu en 2015 pour permettre une plus grande progressivité des apprentissages en diminuant les compétences en matière de calcul. Par exemple, il est écrit dans les programmes du collège qu’« aucune virtuosité technique n’est attendue » sur certaines compétences calculatoires.
Les nouveaux textes adoptés en 2018 pour le lycée ont choisi un chemin inverse de celui de la réforme du collège de 2015 : ils ont diminué les révisions autour de plusieurs points importants, considérant qu’ils étaient acquis dès l’entrée au lycée général et technologique.
D’autres notions, comme l’arithmétique agrémentée de démonstrations – exercice difficile, les proportions et pourcentages –, habituellement travaillées en première, ou l’histoire des mathématiques, ont été ajoutées. Au total, le programme a gonflé de plus de 20 % entre 2018 et 2019. L’heure de dédoublement a souvent disparu de l’emploi du temps des établissements pour être transformée en une heure d’accompagnement à l’orientation.
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