Ile-de-France : bilan mitigé sur le Prij et son extension

Un rapport d’évaluation du plan régional d’insertion pour la jeunesse (Prij) et surtout de son élargissement en 2021 à près des trois quarts des 272 quartiers QPV de l’Ile-de-France est assez flatteur, même si des blocages persistent. Tout l’intérêt tiendrait à "l'approche globale basée sur l'aller vers" qui permet un accompagnement individualisé et un ciblage optimisé des décrocheurs et donc une meilleure prise en charge.

Le plan régional d’insertion pour la jeunesse a été créé en 2018 en Ile-de-France pour renforcer l’accompagnement des jeunes des QPV (quartier en politique de la ville) en déployant l’ensemble des dispositifs au plus près des éventuels bénéficiaires de manière à offrir "des réponses sur mesure". En 2021, la formule a été élargie à 102 nouveaux QPV, portant le total à 197 QPV couverts sur les 272 QPV franciliens (lire ci-dessous). Pour mesurer l’impact du déploiement du Prij et de son extension sur le territoire, la préfecture de la région d'Ile-de-France a confié au cabinet Adso une étude. Conduite entre septembre 2021 et mars 2022, cette évaluation a fait l’objet d’un rapport remis en avril dernier et diffusé sur le site du Prij le 12 mai.

Au regard de ce travail, si le bilan est plutôt positif, il se heurte toutefois à certains écueils. "Incontestablement la phase d’extension du Prij à de nouveaux quartiers est un succès", convient Adso soulignant toutefois une mise en place progressive. "Le rythme de croisière de ces nouveaux Prij n’est pas encore complètement atteint du point de vue notamment des recrutements des référents, mais la dynamique est lancée", estime le rapport.

Un tiers des territoires opérationnels

Ainsi, sur les 22 territoires d’extension (allant d’un arrondissement parisien à un EPT en Seine-Saint-Denis) regroupant les 102 nouveaux QPV, 7 fonctionnent de manière optimale et les extensions sont considérées comme réussies, 12 sont lancées et en construction, "mais des obstacles doivent encore être levés" et 3 n’ont pas réellement démarré "pour cause de blocages". Il s’agirait notamment de difficultés de gouvernance et d’articulation des différents dispositifs.

L’enquête quantitative réalisée auprès de 60 référents de parcours révèle que 193 jeunes ont connu une sortie positive du Prij (avec accès à l’emploi durable ou des formations qualifiantes) depuis le 1er janvier 2021. "Les sortants ont connu des parcours très différents ce qui atteste de l’intérêt d’un accompagnement individualisé et renforcé", pointe également l’étude.

Parmi eux figurent bien des publics éloignés des institutions (Neets, décrocheurs, jeunes n’ayant jamais été accompagnés) et des publics cumulant de nombreuses problématiques d’insertion (précarité financière, difficultés familiales, freins à la mobilité). Le nombre de jeunes sans diplôme parmi les sortants est également conséquent.

L’Adso constate par ailleurs que le mode Prij a "un impact positif sur le processus de contact des jeunes réputés injoignables", notamment grâce à l’action du référent Prij qui peut soit rechercher des jeunes en allant directement à leur rencontre y compris à domicile, soit en mobilisant l’environnement de proximité du jeune (associations, CCAS, équipes de prévention spécialisée...).

Difficile articulation entre l’ensemble des dispositifs

Mais la démarche francilienne n’a semble-t-il pas entièrement réussi à surmonter la difficile articulation entre l’ensemble des mesures et des dispositifs de droit commun existant sur les territoires et notamment celle entre PIC (plan d'investissement dans les compétences)/Prij. Leur fonctionnement en parallèle "nuirait à la lisibilité de la politique publique et à son opérationnalité". Les points d’achoppement seraient la mobilisation de sources diversifiées de financement et la remontée de données. "S’agissant des financements, les sources mobilisées dans le cadre du Prij relèvent principalement de subventions de l’Etat que sont la deuxième vague de l’appel à projets du PIC 'Repérer et mobiliser les publics invisibles' (dans huit territoires sur quatre départements), et des subventions adultes-relais", précise l’étude d’Adso.

Quant à l’implication des communes dans les Prij, elle serait "à géométrie variable". Si dans l’ensemble, "les collectivités ont très bien accueilli la démarche et sont parties prenantes du projet", "le niveau d’implication varie". Il peut aller de "l’animation des groupes opérationnels par le maire et la revendication d’un portage politique fort à la simple présence en groupe opérationnel". Des blocages ont été identifiés avec la commune dans deux territoires à cause du financement du poste de référent.

 

  • 2.000 sorties positives en trois ans

Sur la période 2018-2020, le Prij a permis à plus de 4.000 jeunes de bénéficier d’un accompagnement et à près de 2.000 d’entre eux de trouver une sortie positive en emploi ou en formation qualifiante. "Au regard de ce bilan positif et de la forte adhésion des acteurs de terrain, la ministre du Travail, de l'Emploi et de l’Insertion a souhaité que le Prij soit étendu à de nouveaux quartiers franciliens", indiquait en juillet 2021 Défi métiers qui est chargé de l’animation du site du Prij.
Parmi les indicateurs retenus pour qu'un QPV, sur proposition du préfet de département, intègre le Prij, figurent : le nombre de jeunes de moins de 25 ans ; le nombre de "décrocheurs" ; le taux de chômage des jeunes ; la part de ménages monoparentaux ; le taux de délinquance, etc. "Les capacités locales à s’engager dans cette démarche ont également été prises en compte", ajoutait Défi métiers.
Cette montée en puissance du Prij en Ile-de-France s'est traduite par la création d'une centaine de postes supplémentaires de référent de parcours (financement via le dispositif "Adulte-relais" et l'appel à projets "Repérer et mobiliser les publics invisibles" du Plan d'investissement dans les compétences).