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« Plutôt que de tirer sur Parcoursup, mieux vaudrait chercher à l’améliorer »

Le système de collecte des vœux d’orientation de près d’un million de lycéens et étudiants a rendu visible la sélection opérée par certaines filières, mais n’a nullement créé de tels processus, explique, dans sa chronique, Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 17 juin 2022 à 18h01, modifié le 18 juin 2022 à 06h48 Temps de Lecture 3 min.

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Longtemps, la fin juin annonçait le retour d’un psychodrame national annuel : le bac. Sueurs froides garanties pour un examen longtemps réservé aux classes aisées et dont le taux de réussite ne dépassait pas 65 % jusqu’aux années 1980. C’était le temps où les inscriptions dans l’enseignement supérieur tenaient de la foire d’empoigne : des files d’attente se formaient dès l’aube devant les facs les plus prisées et les premiers arrivés raflaient les meilleures places, juste après les pistonnés. Aujourd’hui, le bac, réussi par 83 % d’une classe d’âge, ne fait plus guère trembler. Le véritable examen, celui dont les résultats commencent à tomber avant même la fin des épreuves du bac, c’est Parcoursup.

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Présentée comme une loterie injuste, un « mercato » symptôme de la « dérive libérale » du système éducatif, la plate-forme a mauvaise presse. Inaugurée en 2018 sous Emmanuel Macron, elle est devenue, pour l’opposition, une arme politique d’autant plus prisée que le stress qu’elle exacerbe chez les lycéens et dans les familles est réel (82 % des élèves le disent dans un sondage Ipsos). Jean-Luc Mélenchon promet de la « démanteler ». Par quoi le remplacer ? « Par rien », a-t-il répondu, le 23 mars, dans La Croix, posant que « le choix des jeunes doit être respecté » et prônant, le 3 juin, sur Franceinfo, le « quoi qu’il en coûte » dans l’éducation.

Grande moulinette

Parcoursup, site sur lequel les vœux d’orientation de près d’un million de lycéens et étudiants en réorientation sont collectés, classés et confrontés aux places offertes dans près de 20 000 formations du supérieur, est pourtant loin d’être le « Big Brother » implacable, la grande moulinette à écraser les plus faibles et à briser les vocations, que ses détracteurs les plus caricaturaux dénoncent.

Si la plate-forme a formalisé un classement national et rendu visible la sélection opérée par certaines filières, elle n’a nullement créé de tels processus, préexistants et inévitables, même dans une France qui consacrerait enfin des moyens budgétaires suffisants à l’enseignement supérieur. Qui peut soutenir que n’importe quel cursus convient à n’importe quel lycéen ? Quant aux algorithmes prétendument aveugles, ils ne doivent pas masquer le travail des milliers d’universitaires qui, dans les filières « sous tension » ou sélectives, examinent et choisissent les étudiants, là où un absurde tirage au sort était parfois effectué dans le système APB précédent.

« Parcoursup a quelque chose de violent parce que chaque lycéen, qui savait se situer dans sa classe, se trouve projeté soudain dans un classement national pseudo-objectif, reconnaît le sociologue Vincent Tiberj. Mais la plate-forme rebat les cartes. Elle remet en cause la hiérarchie supposée des lycées et la possibilité d’accéder aux formations les plus demandées sur un coup de dé, par un concours très favorable aux garçons de CSP +. D’où le mécontentement des familles favorisées dont le choix des “bons lycées” n’est plus aussi payant. » Que nombre des critiques du système proviennent des beaux quartiers devrait interroger la gauche. Que 73 % des bacheliers 2021 estiment que Parcoursup a « facilité leur entrée dans le supérieur » aussi.

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