Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Industrie des superyachts : entre luxe et désastre écologique, le paradoxe des étudiants du secteur

Alors que le marché de la grande plaisance est en plein essor, les formations en « yacht design » se développent. La question de la soutenabilité préoccupe de plus en plus les jeunes aspirant à intégrer cette industrie très polluante.

Par  (Milan (Italie))

Publié le 20 juin 2022 à 07h00, modifié le 20 juin 2022 à 10h24

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Des superyachts amarrés sur le « quai des milliardaires » de la ville d’Antibes, sur la Riviera française, le 3 juillet 2020.

« La créativité naît de l’angoisse comme le jour naît de la nuit noire. » « C’est dans la crise que naissent l’innovation, les découvertes et les grandes stratégies. » Massimo Paperini cite Albert Einstein en anglais devant une trentaine d’étudiants. Le professeur, qui n’est pas philosophe mais architecte naval, assure le cours « The Yacht Design of the Third Millennium » dans le cadre du master « yacht design » de l’Ecole polytechnique de Milan. Sur un grand écran, l’enseignant projette une carte de l’Italie parsemée de points rouges : « Il s’agit des aires marines protégées. L’accès aux plus belles mers de notre planète est désormais interdit aux armateurs qui ne se soucient pas de l’environnement. On compte sur vous pour maîtriser les réglementations visant à respecter les fonds marins. »

Une injonction à remettre en perspective : émissions de gaz d’échappement, utilisation de peintures contenant des substances nocives, rejet d’eaux souillées, dégradation des fonds marins… La grande plaisance est une activité intrinsèquement polluante. « Loués 225 000 euros à 1 million d’euros la semaine, consommant 2 000 litres de carburant à l’heure, les superyachts sont un miroir grossissant révélant l’envolée des inégalités économiques et l’accélération du désastre écologique », souligne Grégory Salle. L’auteur de Superyachts. Luxe, calme et écocide (éditions Amsterdam, 2021) rappelle que la seule flotte des 300 plus gros superyachts en activité émet près de 285 000 tonnes de dioxyde de carbone, soit autant voire davantage qu’un pays entier. « Aujourd’hui, les porte-parole de l’industrie du superyachting ont des préoccupations écologiques plein la bouche. Eux aussi se disent touchés par la grâce du développement durable », résume, non sans ironie, le sociologue.

« Bien sûr, un superyacht a une mauvaise empreinte carbone. Mais on ne va pas tous se mettre au paddle pour autant », dit Alexandra Illa, étudiante en yacht design

Peut-on vraiment conjuguer superyacht et sobriété ? « Les superyachts sont de plus en plus médiatisés, notamment avec la confiscation des biens des oligarques russes en raison de la guerre en Ukraine. Tant mieux : c’est une occasion à saisir pour faire évoluer le secteur », assure Dimitris Magenis, 26 ans, qui a intégré le master « yacht design » de l’Ecole polytechnique de Milan après des études d’architecture en Grèce. Avec trois camarades de promo, il s’exerce à concevoir un bateau à voile et un superyacht à moteur. L’équipe commence par imaginer le propriétaire : un banquier de 35 ans, sportif, aimant voyager dans les coins les plus reculés de la planète.

Il vous reste 67.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.