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Frank Ferrari, au cœur de la coordination des dons d’organes

Cet infirmier à la Pitié-Salpêtrière, aussi chercheur en éthique, dévoile son métier à l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe.

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Publié le 18 juin 2022 à 17h00, modifié le 20 juin 2022 à 17h07

Temps de Lecture 6 min.

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Frank Ferrari, à Paris, le 16 juin 2022.

Ce matin de printemps, une mère et sa fille d’une vingtaine d’années sont reçues dans le service des polytraumatisés de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. La veille, à 22 h 30, leur fille et sœur, Marguerite, âgée de 16 ans, a été renversée par un camion en allant au cinéma avec ses copines. Elle a été transférée aux urgences de l’hôpital parisien. Le scanner révèle de graves atteintes cérébrales. « Des examens très approfondis ont été faits cette nuit, le saignement est tellement grave que le cerveau de Marguerite a été endommagé », annonce Frank Ferrari, infirmier coordinateur de prélèvements d’organes et de tissus à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Les deux femmes’effondrent.

« Il y a deux façons de décéder, soit le cœur s’arrête, soit c’est le cerveau, ce qui est le cas de Marguerite. Elle est en état de mort clinique et encéphalique », ajoute Thomas, interne en médecine. Face à l’irruption de cette mort violente, Frank Ferrari explique, parle posément : « Ce sont des moments très difficiles, ce qui se passe est très très grave, c’est irréversible. » Le temps semble suspendu.

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Ce qui se joue lors de cet entretien de quarante-cinq minutes est une simulation plus vraie que nature. « Savez-vous si votre fille, votre sœur, s’était opposée de son vivant au don de ses organes et de ses tissus ? », questionne doucement Frank Ferrari, qui joue son propre rôle. La mère et la sœur sont respectivement jouées par une infirmière et une aide-soignante. Ces séances, environ deux par mois, sont utiles pour l’équipe, et pour les réanimateurs.

« La temporalité dans la question du don d’organes est primordiale, l’annonce du décès ne doit pas être escamotée. Nous devons avoir le temps de prendre le temps malgré le contexte d’urgence », insiste Frank Ferrari. Face à l’impensable, certaines familles n’entendent pas, peuvent être dans le déni, voire le refus ou l’agressivité.

Le but est de rechercher une éventuelle opposition au don. « Il faut ancrer l’idée du civisme en santé et encourager chacun à en parler », insiste Emmanuelle Cortot-Boucher, directrice générale de l’Agence de la biomédecine (ABM) en amont de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs, le mercredi 22 juin.

Volontés du défunt

La loi stipule que nous sommes tous des donneurs présumés d’organes et de tissus (cornée, vaisseaux, épiderme, valves, tendons…), sauf si nous avons exprimé notre refus de notre vivant, en étant inscrit au registre national des refus ou en en ayant informé nos proches. Dans les faits, « la demande est toujours faite à la famille ou aux proches de témoigner des volontés du défunt », explique Frank Ferrari.

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