L'université de la Sorbonne se façonne un campus géant en plein coeur de Paris
Pour regrouper ses 18.000 étudiants dispersés sur une quinzaine de sites, l'Université Sorbonne Nouvelle a lancé il y a huit ans l'énorme chantier d'un nouveau campus à Nation. Le site, dessiné par Christian de Portzamparc, vient d'être livré.
A deux pas de la place de la Nation, à l'est de la capitale, le nouveau campus de l'Université parisienne Sorbonne Nouvelle déploie ses façades blanches pigmentées de jaune, bleu, vert, et ses bâtiments aux lignes ondulées. 35.000 mètres carrés flambant neufs, en plein coeur de Paris, qui accueilleront en septembre 6.500 étudiants par jour. Soit sur l'année, 18.000 étudiants inscrits pour étudier les arts, théâtre, cinéma, lettres, langues et sciences humaines et sociales.
Le site, dont les terrains appartenaient au ministère de l'Agriculture, jouxtant la tour de l'ONF, a été livré début juin. Il aura fallu huit ans pour faire émerger ce mastodonte de l'enseignement supérieur qui suit la stratégie initiée depuis plusieurs années de faire revenir les campus en ville. L'Université offre ainsi à ses étudiants un magnifique site à deux pas des transports en commun et dans Paris intra-muros. Le coût de l'opération s'élève à 144,4 millions d'euros, financés à 122,4 millions par l'Etat (au titre du programme Campus Paris), la Région Ile-de-France (20 millions) et la Ville de Paris (2 millions).
Retard
Fini les étudiants et enseignants dispersés dans une quinzaine de lieux depuis les années 1970, dont le site de Censier, qui ferme pour cause d'amiante et de vétusté, Dauphine, ou les Bernardins. Désormais les étudiants sont regroupés sur deux grands pôles, celui de Nation, le navire amiral qui regroupe 90 % des étudiants et des espaces et celui, historique, du Quartier Latin.
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Le concours d'architecture a été lancé fin 2013 sous le régime de la loi MOP par le ministère de l'enseignement supérieur. L'établissement public d'aménagement universitaire de la région Ile-de-France (Epaurif) en a assuré la maîtrise d'ouvrage, et c'est l'architecte et urbaniste Christian de Portzamparc qui a été lauréat. Le chantier n'aura pas été de tout repos. Pas moins de seize entreprises principales ont été retenues sur les différents lots, mais pour diverses raisons (ralentissement dû au Covid, difficultés de certaines entreprises…), les travaux ont accusé un an et demi de retard.
Rassurer les riverains
Aujourd'hui, le campus offre un cadre unique aux étudiants avec ses 146 salles de cours, ses cinq laboratoires de langues, la grande bibliothèque sur trois étages, trois amphithéâtres, une salle de spectacle aux gradins rétractables, une salle de cinéma, des salles de sport, des studios d'enregistrement, un plateau télé.
La grande obsession de Christian de Portzamparc et de ses équipes a été d'inonder les espaces de lumière tranchant avec ces facs des années 1970 qui en manquaient cruellement. Les couleurs à l'intérieur sont aussi omniprésentes, avec la surprise de voir le kiosque ou la salle de projection entièrement peints en rouge. Les jardins courent et s'entrelacent entre les bâtiments. Avec les toitures végétalisées, on compte 4.300 mètres carrés de « nature en ville ».
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Ce site va constituer un grand changement pour ce quartier Picpus-Nation, qui a vu déjà ses commerces et boutiques s'adapter à cette future jeune clientèle. D'ailleurs, au démarrage du projet, il aura fallu de nombreuses réunions pour rassurer les riverains sur cette vague étudiante à venir. Pour aider au passage en douceur, certains espaces seront ouverts au public comme la bibliothèque ou les lieux de spectacle.
Marion Kindermans