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Le véhicule de Randy Amisi, entrepreneur à la tête de sa société de transport, Diamond Travel Paris.
NATHALIE MOHADJER POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Uber a 10 ans, du conte de fées à l’heure des comptes

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Publié le 19 juin 2022 à 04h34, modifié le 19 juin 2022 à 06h36

Temps de Lecture 16 min. Read in English

C’est une histoire de frères, de cousins, de voisins, de potes tous séduits par une ­promesse que Boubekeur, planté, ce 7 avril, sur le terre-plein de la place d’Italie, à Paris, résume ainsi : « On nous a dit : “Vas-y, achète ta voiture à 40 patates et, tu verras, tu seras indépendant” ! » « On » désigne à la fois l’entourage de ce chauffeur de VTC (voiture de transport avec chauffeur) de 43 ans et une entreprise californienne, numéro un mondial du secteur : Uber.

Ce matin-là, en quittant son appartement du 15e arrondissement, Boubekeur, qui préfère que son nom de famille ne soit pas mentionné, n’a pas ouvert l’application pour cueillir un client devant une porte cochère ou à la sortie d’un aéroport. Il s’est garé en double file à un rassemblement de VTC pour protester, entre autres, contre les plateformes qui « exploitent » les chauffeurs, alors que le prix des carburants s’envole. Des manifestations récurrentes ces dernières années, mais au succès modeste.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les chauffeurs VTC se mobilisent face à la hausse du prix du carburant

Autour de Boubekeur, engoncé dans sa doudoune, une cinquantaine de chauffeurs avaient fait le déplacement en milieu de matinée. L’homme (presque dix ans d’ancienneté Uber) regarde passer des dizaines d’autres VTC qui circulent dans les rues de Paris, insensibles aux appels à la grève. « Certains débutent dans le métier, je les comprends, glisse-t-il. J’ai beau critiquer Uber, je travaille toujours avec… Je sais qu’il y a un paradoxe. » Au fil des années, ses revenus ont chuté, car « Uber a fait venir toujours plus de chauffeurs ». « Les parts du gâteau ont rétréci, regrette-t-il, en rapprochant ses mains l’une de l’autre. Mais ça reste le leader mondial. Si on veut des courses, on doit passer par lui. »

Une arrivée controversée

Uber a débarqué en France il y a dix ans, en décembre 2011. Un chien dans un jeu de quilles jusque-là ordonné en deux familles principales, régies par des législations distinctes. D’un côté, l’univers dit de la « grande remise » : un service haut de gamme de location de chauffeurs privés en costume-cravate-berline, à destination d’une clientèle très privilégiée ou professionnelle. De l’autre, les taxis. Uber commence par concurrencer le premier marché, puis le second.

La plate-forme suscite d’innombrables controverses, de l’interdiction, en 2015, d’UberPop, service de courses assuré par des particuliers, à une enquête – toujours en cours – de l’Urssaf et de la gendarmerie pour « ­travail dissimulé » liée au statut d’indépendant des chauffeurs. Elle prend cependant ses aises dans l’Hexagone au point d’offrir au Larousse un nouveau nom commun : « ubérisation ». Soit la « remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plateformes de réservation sur Internet ».

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