Salaires des enseignants : Pap Ndiaye promet au moins 2000 euros net pour les profs débutants dès 2023

Le ministre de l’Éducation nationale le confirme au Parisien-Aujourd’hui en France : dès l’an prochain, les professeurs en tout début de carrière gagneront au moins 2000 euros net mensuels. Un effort salué par la profession, qui soulève néanmoins plusieurs interrogations.

La revalorisation salariale a pour but notamment de rendre plus attractif un métier qui peine à attirer les jeunes. (Illustration) LP/Marine Legrand
La revalorisation salariale a pour but notamment de rendre plus attractif un métier qui peine à attirer les jeunes. (Illustration) LP/Marine Legrand

    C’était une promesse d’Emmanuel Macron et de son ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Pap Ndiaye, le nouveau locataire de la Rue de Grenelle, le confirme dans un entretien au Parisien-Aujourd’hui en France publié ce samedi 25 juin : à partir de 2023, les enseignants en début de carrière gagneront au moins 2000 euros net par mois. Aujourd’hui, le salaire d’un professeur stagiaire (en première année d’enseignement) frôle les 1500 euros, et celui d’un titulaire — la première année — tourne autour de 1800 euros.

    L’objectif de cette revalorisation salariale, souhaitée depuis des années par tous les représentants syndicaux, est de rendre plus attractif un métier qui peine à attirer les jeunes, reconnaît volontiers le ministre. Rien qu’en Île-de-France, 2000 postes seront vacants dans le premier degré en septembre, faute de candidats en nombre aux concours.

    « Cela va faire venir des jeunes, mais certains vont également claquer la porte »

    Alors, 2000 euros, est-ce suffisant pour faire venir des candidats au tableau noir ? La réponse des profs est invariablement la même : bien… mais peut mieux faire. « Si cela concerne les titulaires, c’est un effort de 150 euros par mois. C’est bien. Mais si cela ne concerne pas les enseignants stagiaires, donc de première année, c’est un souci : ils gagnent 1,1 fois le smic (1302 euros net), même si cela ne dure qu’un an. Or, ce sont eux qu’il faut attirer, surtout en Île-de-France », résume Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat réformiste SE-Unsa.

    De son côté, Sophie Vénétitay, professeure en Essonne et secrétaire générale du Snes-FSU, le principal syndicat du second degré, si elle estime que la décision « va dans le bon sens », pense aussi aux enseignants « en milieu de carrière », lésés selon elle. « Je prends mon exemple : j’ai douze ans de carrière et je touche à peine plus de 2000 euros. J’aurai donc le même salaire qu’un débutant », illustre-t-elle, réclamant que ce nouveau salaire soit « une revalorisation des grilles » plutôt que « des primes ».

    Même son de cloche chez Coline, prof depuis dix ans en Seine-Saint-Denis, pour qui il est « obligatoire » de repenser les salaires « de tout le monde ». « Comment voulez-vous que je ne sois pas découragée si je gagne la même chose que quelqu’un de moins abîmé que moi par le métier ? Sans doute que cela va faire venir des jeunes, mais certains vont également claquer la porte, alors qu’on a besoin des gens expérimentés », décrypte celle qui a fait toute sa carrière dans le 93.

    Reste la question des « bonus » attribués en échange de « nouvelles missions », autre annonce de Pap Ndiaye au Parisien. Accompagnement des élèves, remplacement de collègues… c’est encore flou, mais le ministre annonce qu’une partie de la revalorisation salariale sera « avec contrepartie ». Difficile à entendre pour Sophie Vénétitay. « La plupart d’entre nous font déjà ces missions supplémentaires, dit-elle. Et elles sont déjà payées ! Je crains que l’idée ne soit de les rendre obligatoires. »