Analyse. A peine commencée, déjà généralisée. Emmanuel Macron a surpris la communauté éducative en annonçant, le 2 juin, lors d’un déplacement avec son nouveau ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, l’extension nationale de l’expérimentation « école du futur » conduite depuis quelques mois à Marseille. La décision de généraliser l’expérience intervient alors que les 59 écoles qui y participent sont, pour la plupart, encore dans une phase d’élaboration, avant une mise en œuvre effective à partir de la rentrée, et qu’il est difficile d’en mesurer l’impact sur la réussite des élèves. Preuve, s’il en est, que le tempo éducatif ne correspond pas au tempo politique.
L’expérimentation est présentée par le chef de l’Etat comme une manière d’accorder « plus d’autonomie » aux équipes pédagogiques plutôt que comme un programme de lutte contre les inégalités, alors que le système éducatif français peine à les réduire. L’initiative marseillaise dresse néanmoins des lignes de force – et de faiblesse – du « changement de méthode » promis par Emmanuel Macron pour son second quinquennat.
Dans une institution telle que l’éducation nationale, souvent qualifiée de verticale et centralisatrice, renverser les perspectives et partir des besoins exprimés par le terrain sonne, il est vrai, déjà comme une rupture. Les écoles volontaires ont eu toute liberté pour proposer le projet de leur choix autour de quelques thèmes prédéfinis : les langues, le sport, la culture, l’environnement… Elles se sont, le plus souvent, inspirées d’idées déjà dans les tiroirs, mais qui n’ont pas pris vie, faute de financement.
Chaque établissement a l’obligation, depuis 1989 et la loi d’orientation de Lionel Jospin, de produire un projet d’établissement dont l’ampleur dépend, bien souvent, des budgets à disposition et de l’investissement des équipes pédagogiques. Avec cette expérimentation, les équipes éducatives se voient – enfin, diront certains – accorder des moyens humains et matériels pour tenter de pallier les difficultés de leurs élèves dans une ville marquée par un bâti scolaire dégradé et de grands écarts de niveau de vie.
L’expérimentation concerne in fine un élève de primaire sur huit à Marseille. Il s’agit ici de mettre en place un laboratoire de mathématiques pour les élèves de maternelle, là d’adapter les apprentissages au rythme de chaque élève en décloisonnant les classes, ailleurs de développer les enseignements en anglais. Une manière d’apprendre autrement et de prendre en compte l’enfant dans sa globalité.
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