La filière des infrastructures télécoms réclame un "Grenelle de la résilience" en urgence

L'enfouissement des réseaux de fibre optique, la remise en état des infrastructures dégradées, et les besoins pour assurer la redondance doivent contribuer à la pérennité des réseaux télécoms. Mais la filière a besoin d'un arbitrage au plan national pour déterminer qui devra payer quoi. 

 

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La filière des infrastructures télécoms réclame un

Au sein de la filière des réseaux télécom, la nomination d'un secrétaire d'Etat au Numérique est attendue de pied ferme. La doléance : l'organisation d'un "Grenelle de la résilience", qui devra établir une feuille de route nationale pour soutenir la réalisation de "schémas locaux de résilience", et surtout, arbitrer qui devra payer quoi.

La fédération des industriels du secteur, Infranum, tenait le 22 juin son assemblée générale. À cette occasion, elle a présenté un état des lieux des menaces qui pèsent sur la continuité de service du réseau de fibre optique, et des moyens nécessaires pour faire face aux chocs qui pourraient se présenter. Les scénarios du pire vont de la de la tempête du siècle aux actes coordonnés de sabotage, en passant par les feux de forêt.
 

10 milliards d'euros pour enterrer la moitié du réseau

Une partie du problème soulevé par Infranum vient de la rapidité à laquelle la France a mené son Plan Très Haut Débit. Tambour battant, et le résultat est là : la France s'est fibrée à grande vitesse, mais pour aller vite le choix a été fait de s'appuyer sur le génie civil existant. Notamment les pylônes d'Enedis et de la téléphonie. Si bien que 500 000 km – il ne s'agit que d'une estimation – de lignes sont aériennes, et donc exposées aux accidents de la route, aux aléas climatiques, aux chutes d'arbres, aux incendies, et même… aux chasseurs. En Allemagne, par exemple, le déploiement va moins vite mais les réseaux sont directement enterrés.

Infranum estime que l'enfouissement de 50% du réseau, aux endroits les plus sensibles, coûtera 10 milliards d'euros sur 10 ans. Qui doit payer ? Les acteurs se renvoient la balle.

les collectivités ne paieront pas seules

A la fragilité des infrastructures aériennes s'ajoutent les actes de malveillance, qui sont en augmentation et nécessitent de redonder les infrastructures sensibles, de renforcer la sécurité (vidéosurveillance, sécurisation des datacenters, des nœuds de raccordement et des points de mutualisation…) ; les malfaçons, pour lesquelles la filière a déjà présenté un plan d'action, et qui justifient des remises en état ; et le futur décommissionnement du cuivre, qui présente des risques pour les infrastructures optiques.

Sur ces différents points, le problème est le même : il va falloir déterminer qui paye quoi, et qui est responsable de quoi. "Nous avons caractérisé le besoin, maintenant il faut que l'Etat définisse les règles du jeu sur la répartition des responsabilités", explique Philippe Le Grand, le président d'Infranum.

un plan national à décliner localement

La filière a également besoin des pouvoirs publics pour mettre en musique la coordination entre les différents acteurs de la filière, publics et privés. En cas de crise, à l'heure actuelle, les préfectures, par exemple, ont conservé le réflexe de mobiliser les grands opérateurs de l'ancien monde (Orange, Enedis…), mais ne sollicitent pas les opérateurs d'infrastructure, déplore Axione, alors qu'un certain nombre d'entre eux sont devenus des opérateurs d'importance vitale. Or, aujourd'hui, les réseaux télécoms sont un patchwork décentralisé, déployé et exploité localement par de multiples intervenants.

"Nous n'avons aucun cadre de dialogue avec les collectivités pour parler de ça, la prise de conscience est quasi nulle", remarque Philippe Le Grand, pour qui "chaque collectivité devrait bâtir son schéma de résilience", grâce à "un plan national décliné localement". La Gironde pourrait faire figure de département pilote.

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