La communauté éducative attendait avec impatience les premières paroles de son nouveau ministre de l’éducation nationale. Plus d’un mois après sa prise de fonctions, Pap Ndiaye est sorti de son silence. S’il fait figurer parmi ses priorités la lutte contre les inégalités scolaires et la sensibilisation à l’environnement, ses premières annonces concernent sans surprise la rémunération des enseignants. Le sujet est brûlant, il est vrai : leur pouvoir d’achat ne cesse de baisser depuis quarante ans et l’attractivité du métier en pâtit fortement. Alors, le ministre l’affirme, dimanche 26 juin, dans un entretien au Parisien : « La hausse de rémunération des enseignants sera composée de deux parts. La première sera non conditionnée et s’appliquera à tous les enseignants. Ce qui implique de passer le salaire de départ des jeunes au-dessus des 2 000 euros net. Ce sera en 2023. Par ailleurs, nous mettrons en place une part salariale conditionnée à des tâches nouvelles. »
La première brique de revalorisation s’inscrit dans les suites du Grenelle de l’éducation, lancé par son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer. Un enseignant titulaire en début de carrière a vu sa rémunération progresser ces deux dernières années, par le biais de « primes d’attractivité », pour atteindre un peu moins de 1 800 euros net par mois. Si les jeunes professeurs sont augmentés, qu’en sera-t-il pour les plus chevronnés, déjà exclus des « revalos », comme disent les enseignants, du Grenelle, et pour les enseignants stagiaires qui ne dépassent pas les 1 450 euros ? Un enseignant parvient aujourd’hui à gagner 2 000 euros net par mois au bout de quinze ans d’ancienneté. « L’escalier de la revalorisation se transforme en tapis roulant très plat », réagit Sophie Vénétitay, responsable au SNES-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et les lycées.
Les organisations représentatives en attendent plus et demandent de travailler sur l’ensemble de la carrière pour ne pas connaître ce type d’effet de seuil. Jean-Rémi Girard, du Snalc, aimerait « une loi de programmation budgétaire pour pouvoir se projeter sur plusieurs années ». Pour Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT, revaloriser l’ensemble de la carrière « devient aussi une question de fidélisation dans le métier ».
« Travailler plus pour gagner plus »
A plus court terme, l’inflation rebat les cartes. « Les avancées du Grenelle ont été écrasées par la hausse des prix », constate Stéphane Crochet, responsable du SE-UNSA. « 2023, c’est très loin. C’est maintenant qu’il faut agir », réagit Guislaine David, du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire du primaire, qui demande 300 euros net par mois d’augmentation pour tous, sans délai. Les enseignants attendent aussi beaucoup du dégel du point d’indice, en cours de discussion.
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