« C’était un soulagement » : à Champigny, une lycéenne malade poursuit les cours à distance avec l’aide d’un robot

Au lycée Louise-Michel de Champigny-sur-Marne, le programme TED-i permet à une élève malade de suivre les cours à distance à l’aide d’un robot présent en classe. Futuriste, le programme qui tend à rompre l’isolement porte ses fruits.

Champigny-sur-Marne, le 7 juin. Au lycée Louise-Michel, une élève assiste à un cours de physique-chimie à distance à l'aide d'un robot TED-I. LP/Maxine Marchand
Champigny-sur-Marne, le 7 juin. Au lycée Louise-Michel, une élève assiste à un cours de physique-chimie à distance à l'aide d'un robot TED-I. LP/Maxine Marchand

    La scène prête à sourire. Alors que Maryam pilote le robot BEAM depuis sa chambre, l’engin se déplace dans les couloirs du lycée Louise-Michel à Champigny-sur-Marne. La machine, constituée d’une tablette fixée sur un support longiligne, se faufile entre les lycéens. Très intrigués, ils se retournent sur son passage. « Mais il y a une fille dedans, regarde ! », lance une lycéenne à une autre. Le visage de Maryam est visible à l’écran et elle esquisse un sourire à l’évocation de sa présence.

    Le programme TED-i, officiellement lancé en décembre 2021 par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et Brigitte Macron à l’école Jules Ferry d’Ormesson-sur-Marne, développe des systèmes pour intégrer en classe un élève privé d’école pour des raisons médicales. Trois modèles d’assistants d’éducation robotisés sont proposés aux élèves dont la scolarité est interrompue pendant un mois ou plus. Au total, près de 4 000 équipements robotiques sont déployés en France, de l’école primaire à l’université. Depuis l’hôpital ou leur chambre, les élèves peuvent alors suivre les cours à distance.

    Quelques aménagements nécessaires

    Maryam, en 1re ST2S, utilise ce robot depuis plus d’un mois pour suivre les cours à distance. « C’était un soulagement quand on m’a proposé de suivre les cours avec TED-i », raconte la lycéenne. Cette nouvelle technologie immersive lui permet de suivre les cours depuis chez elle. Contrairement à un simple ordinateur, le robot ne demande aucune manipulation de la part du personnel enseignant. Autonome, Maryam presse les flèches de son clavier pour guider le robot dans le lycée et la caméra lui permet de visualiser l’intégralité du cours dispensé en classe.

    Champigny-sur-Marne, le 07 juin 2022. Le robot du programme TED-i permet à une élève malade de suivre les cours à distance au lycée Louise Michel.
    Champigny-sur-Marne, le 07 juin 2022. Le robot du programme TED-i permet à une élève malade de suivre les cours à distance au lycée Louise Michel.

    Elle assiste à un cours de travaux pratiques (TP) de physique-chimie. Immédiatement intégrée dans un groupe de travail, elle observe les manipulations du professeur à distance. « Tu vois bien ou il faut que je me rapproche ? », lui demande Denis Virassamy, son professeur. La visibilité est à améliorer, explique Maryam. « Parfois j’ai du mal à lire ce qui est écrit au tableau ». En cas de problème, ses camarades de classe veillent sur elle, comme Raphaël et Justine. « Comme elle ne peut pas gérer tout ce qui est manuel, c’est un travail que moi je fais », commence Raphaël, « et on lui explique », complète Justine. Attentionnés, ils s’efforcent de manipuler béchers et pipettes en face de la caméra du robot afin que Maryam ne manque aucun détail.

    Une solution pour briser l’isolement

    Les professeurs aussi doivent s’adapter à ce nouvel arrivant robotique. « L’interaction est toujours un peu compliquée », consent Denis Virassamy. Pour que Maryam puisse se préparer au mieux, certains professeurs lui transmettent le contenu du cours en amont. Sans ascenseur dans l’établissement, le déplacement du robot entre les différentes salles de classe peut également être contraignant. « Ça ne remplacera jamais le cours en présentiel mais ça permet d’avoir le moins de ruptures possibles dans sa scolarité », souligne Éric Rabaza, le proviseur du lycée. Très satisfait, il souhaite que le programme se démocratise dans tous les établissements scolaires.

    Face à l’éloignement, Maryam confirme l’efficacité du programme. « Je recommande aux autres élèves qui en auraient besoin d’utiliser le robot. Les professeurs me parlent davantage, ils font plus attention », ajoute la lycéenne, qui peut ainsi continuer de répondre aux questions posées en classe malgré la distance.