A Paris, devant la grille des cours de récréation ou dans les dîners entre amis, on évoque avec des airs entendus la réputation des établissements scolaires. Il en va ainsi de Voltaire, majestueux lycée du 11e arrondissement longtemps boudé par les bons élèves du nord-est de Paris, malgré ses pierres de taille et ses cours plantées de platanes.
Et puis, en 2021, est arrivée la réforme d’Affelnet. Les élèves de 3e du nord-est de la capitale, comme tous les autres Parisiens, se sont retrouvés « fléchés » sur seulement cinq lycées de proximité, au lieu de l’immense quart nord-est dans lequel ils avaient eu le droit de postuler jusqu’ici – on y retrouvait les lycées Sophie-Germain, Charlemagne et Victor-Hugo, « lycées de niveau » du 4e arrondissement réservés alors, par la pression des candidatures, à une petite élite scolaire.
La fille de Sandrine Mercier, issue du collège Couperin (4e arrondissement), a fait partie de ceux qui se sont retrouvés, « en dernier choix », au lycée Voltaire à la rentrée. Six mois plus tard, sa fille « s’est complètement épanouie, et elle est devenue motrice dans sa classe alors qu’elle était plutôt réservée auparavant ». Ses excellents résultats scolaires – elle qui se situait plutôt au milieu du groupe en 3e – lui ont donné confiance en elle. « De nombreux élèves issus des collèges du centre sont arrivés chez nous, confirme Françoise Agnelot, présidente de la FCPE du lycée Voltaire. Ils ont très vite changé l’image de notre lycée dans leurs quartiers d’origine, de sorte que d’autres demandent à venir. » En un an, le lycée est passé de 558 demandes sur les trois premiers vœux à 800.
Prise de conscience
« Les familles demandent dans leurs premiers vœux des lycées qu’elles ne demandaient pas auparavant », se félicite Claire Mazeron, directrice académique des services de l’éducation nationale (Dasen). A l’inverse, les établissements les plus demandés du centre ont vu la pression des candidatures refluer : sur 504 demandes en premier vœu en 2021, le lycée Charlemagne – emblématique du phénomène des lycées de niveau – est tombé à 297 premiers choix en 2022.
Parmi les explications, une meilleure « prise en main » de la réforme par les parents et surtout les élèves, qui « se renseignent, regardent les offres de spécialités, demandent conseil aux copains déjà au lycée », détaille Ghislaine Morvan-Dubois, de la FCPE Paris. En cause, aussi, Parcoursup et la prise de conscience des « limites » des lycées d’élite. « Les familles ont changé de stratégie. Elles nous disent désormais qu’il vaut mieux être premier à Voltaire que dernier à Charlemagne », résume Claire Mazeron.
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