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Décryptage

Remaniement : Carole Grandjean en charge de la grande réforme des lycées professionnels

La députée Renaissance Carole Grandjean devient ministre déléguée en charge de l'Enseignement et de la Formation professionnels. Son périmètre, à cheval entre ministères du Travail et de l'Education nationale, est « une ligne rouge » franchie pour la FSU. FO voit au contraire un « symbole fort ».

Carole Grandjean, députée Renaissance de Meurthe-et-Moselle, entre au gouvernement.
Carole Grandjean, députée Renaissance de Meurthe-et-Moselle, entre au gouvernement. (AFP)

Par Marie-Christine Corbier, Alain Ruello

Publié le 4 juil. 2022 à 13:34Mis à jour le 5 juil. 2022 à 10:43

C'était une idée de l'équipe d'Emmanuel Macron pendant la dernière campagne présidentielle qui faisait déjà bondir certains syndicats enseignants dans la perspective dela réforme envisagée des lycées professionnels. Elle se concrétise.

L'Elysée a annoncé lundi la création d'un poste de ministre chargé de l'Enseignement et de la Formation professionnels sous double tutelle, celle des ministres du Travail et de l'Education nationale. C'est Carole Grandjean, macroniste de la première heure jusqu'ici députée Renaissance de Meurthe-et-Moselle, membre de la commission des Affaires sociales, et ex-responsable ressources humaines chez Elior, qui en hérite.

Pour l'exécutif, cette double tutelle obéit à un objectif : renforcer le lien entre les lycées professionnels et le marché du travail et, ainsi, rapprocher les taux d'insertion des jeunes qui suivent cette filière de ceux qui passent par l'apprentissage, décrypte-t-on de source proche du dossier. Pour cela, le gouvernement veut agir sur trois axes : contenu des formations quitte à arrêter celles qui ne débouchent pas sur de l'emploi, revalorisation du statut des lycéens et des professeurs, et amélioration de l'orientation en donnant accès via Affelnet aux taux de réussite des établissements grâce à InserJeunes .

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« Un message terrible à la jeunesse »

Le secrétaire général de la FSU, Benoît Teste, dénonce « la volonté de basculer toute la question de l'enseignement professionnel sur le ministère du Travail, en lien avec celle de développer l'apprentissage pas forcément sous statut scolaire ». Et de dénoncer « un message terrible adressé à la jeunesse », car « la voie professionnelle est partie intégrante de l'Education nationale », « la jeunesse qui y est formée a droit à une éducation et une formation qui permettent non seulement l'insertion professionnelle mais ont aussi une dimension citoyenne, émancipatrice ».

Pour Sigrid Gerardin, à la tête du syndicat de la FSU en charge des lycées professionnels (SNUEP), « une ligne rouge est franchie » avec « le périmètre du poste » de la ministre.

FO est nettement plus nuancé. « La dernière fois qu'on a eu [un ministre en charge de l'Enseignement professionnel], c'était Jean-Luc Mélenchon », se félicite Pascal Vivier, secrétaire général du SNETAA-FO, premier syndicat auprès des professeurs de lycées professionnels qui voit « très positivement cette nomination d'un symbole fort ». Le fait qu'il soit « sous la coupelle » des deux ministères est « une garantie pour l'enseignement professionnel » car « on ne sort pas de l'école », poursuit le syndicaliste qui y voit « un grand avantage » : celui d'« arrêter la concurrence déloyale et stérile entre lycée pro, CFA et nouveaux CFA d'entreprises ».

« Des diplômes mais pas d'emploi »

En mars, pour son premier discours officiel de campagne à Poissy, Emmanuel Macron avait donné le ton : « Nous devons réformer le lycée professionnel sur le modèle de ce qu'on a fait pour l'apprentissage ». Le chef de l'Etat avait alors indiqué vouloir « un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises » et des lycéens professionnels « rémunérés pour leur temps d'entreprise comme le sont les apprentis ». Il y a « trop de jeunes qui sortent avec un diplôme mais pas d'emploi », avait souligné Emmanuel Macron. « On laisse vivre trop de filières où il n'y a quasiment pas de débouchés ».

Au-delà des lycées professionnels, Carole Grandjean aura aussi pour mission de remettre d'aplomb financièrement le système de la formation professionnelle issu de la réforme de 2018.

Le succès de l'apprentissage et du compte personnel de formation, deux guichets ouverts, combinés avec la perte de recettes durant la crise, ont plombé les finances de France compétences, l'organisme de régulation piloté par l'Etat. Une première étape a été franchie puisque les subventions aux centres de formation d'apprentis vont être réduites d'environ 800 millions d'euros d'ici au 1er avril 2023 .

Marie-Christine Corbier et Alain Ruello

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