Avoir un job étudiant à côté de ses études peut, si le volume horaire est trop important, provoquer des effets néfastes sur la réussite de celles-ci, comme l’ont montré diverses études sur ce sujet. Mais les activités extra-universitaires « choisies », elles, peuvent renforcer le succès de certains étudiants. C’est ce qui ressort de l’enquête « Le plaisir et le calcul : une analyse des activités extrascolaires des étudiant.es » parue dans la revue Sociologie (PUF), en mars 2022.
Pour comprendre pourquoi cette addition des emplois du temps est parfois vertueuse, les coauteurs de l’article se sont attelés à dresser le portrait de cette frange fine des étudiants (non quantifiée dans l’article), qui concilient la réussite de leurs études avec des activités parfois très chronophages : pratiques artistiques, sportives, associatives, bénévoles ou volontaires, syndicales, politiques, etc.
Premier point commun entre eux : ils sont tous issus de milieux sociaux favorisés ou très favorisés. « Ce sont des jeunes qui pratiquent depuis l’enfance des activités extrascolaires (danse, musique, tennis, scoutisme, etc.), qui leur prennent du temps, parfois beaucoup. Ils sont habitués à des emplois du temps très chargés qu’ils reproduisent, une fois étudiants », commente Jules Simha, l’un des quatre sociologues auteurs de l’article.
Aptitudes mobilisables dans les études
Discipline, rigueur, sens du collectif ou de la persévérance, maîtrise d’une langue étrangère, les apprentissages liés à ces activités, fortement impulsées et accompagnées par les parents, alimentent évidemment une réussite scolaire déjà sur les rails avant le baccalauréat.
Arrivés à l’université, là où des étudiants davantage en difficulté financière, optent pour le premier job étudiant disponible – nécessité oblige –, ces jeunes de milieux favorisés multiplient de nouveau des pratiques extrascolaires, selon deux conceptions que les chercheurs qualifient de « gratuite » d’un côté, et de « calculée » pour l’autre.
Entrent dans la première catégorie les étudiants qui revendiquent leurs activités comme totalement déconnectées des études, uniquement pour le « plaisir », la « passion » ou la « vocation ». « Pour eux la réussite est une évidence, à peine un enjeu, tant celle-ci est linéaire depuis leur plus tendre enfance, et ne nécessite pas d’investir stratégiquement dans les activités extra-universitaires », explique Jules Simha. Le plaisir trouvé dans ces activités est, pour eux, un prolongement de celui qu’ils ont dans leurs études. Mais, « loin d’être le fruit du hasard », précise l’étude, cette conception « gratuite » des activités extra-universitaires est rendue possible parce que ces jeunes font partie de ceux ayant les conditions sociales et matérielles les plus favorables. En outre, elles permettent d’acquérir, sans en avoir l’air, des aptitudes mobilisables dans les études (parler devant un public, gérer un projet, etc.)
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