« L’agriculture recrute, mais il faut des gens qualifiés »

« L’agriculture recrute, mais il faut des gens qualifiés »

Le secteur agricole recrute dans toutes ses filières et à tous niveaux de formation. Pourtant, il peine à trouver des candidats. Comment les établissements d’enseignement s’y prennent-ils pour attirer les jeunes ? Réponse avec Christian Depaeuw, chargé d’insertion et relations extérieures au lycée agricole de Tilloy-lès-Mofflaines.

L’agriculture et les productions végétales connaissent des difficultés de recrutement. Quelles en sont les raisons ?
Christian Depaeuw : Depuis le début de la période post-Covid, je constate que nous sommes en pénurie de main-d’oeuvre dans tous les domaines agricoles. Au sein de la formation pour adultes que je viens d’entamer, je peine à remplir les effectifs. Elle était prévue pour 12 personnes, il n’y en a que 5. Le taux de chômage étant relativement bas sur le secteur arrageois, il ne reste souvent que des demandeurs d’emploi qui ne sont que très difficilement mobilisables à l’emploi. Pour la partie lycée, les effectifs se maintiennent, mais nous avons de plus en plus de demandes de maîtres d’apprentissage, que nous ne pouvons pas toutes satisfaire. Il n’y a pas suffisamment d’élèves pour répondre à toutes les offres de stages. Nos formations agricoles ne sont peut-être aussi pas suffisamment présentées. Il y a une méconnaissance du monde agricole.

Comment votre établissement fait-il pour attirer des jeunes ?
C. D. : Nous effectuons des représentations extérieures, des ateliers de découverte des métiers, nous sommes aussi présents dans les Pôle emploi et les missions locales. Pour les ateliers techniques de découverte, nous invitons des demandeurs d’emploi afin de leur présenter les métiers de l’agriculture. Avec Pôle emploi, nous organisons des visites de sociétés durant lesquelles le chef d’entreprise présente les différents aspects de son métier.

Quelles sont les opportunités d’emploi à la sortie ?
C. D. : Les emplois peuvent aller d’ouvrier pour des exploitations de type maraîchères, avec des tâches de désherbage ou de récolte, à des exploitations plus orientées polyculture-élevage et où des connaissances plus techniques sont requises. Certaines exploitations recherchent aujourd’hui des collaborateurs, véritables bras droits du chef d’exploitation. Ils doivent être capables d’assister aux réunions et deprendre certaines décisions importantes. Dans ce cas, il faut des gens qualifiés avec au minimum un BTS. Nous proposons aussi des formations pour devenir agent de silos, vendeur-magasinier, mécanicien ou encore vendeur en concession. Pour ces postes, différents niveaux de formations sont recherchés : cela va du mécanicien de base, en passant par le chef d’atelier, gestionnaire de pièces, jusqu’au commercial. Toutes les filières professionnelles agricoles proposent de l’emploi aujourd’hui. Les chambres d’agriculture recherchent également des animateurs et animatrices et ne trouvent pas. Un chef d’entreprise me disait qu’un jeune qualifié, qui est polyvalent et ne répugne pas à faire des heures, peut parfois atteindre les 2 500 euros par mois.

Comment votre établissement travaille-t-il avec les entreprises ?
C. D. : Le contenu de l’ensemble de nos formations est travaillé en amont avec les entreprises. Nous définissons ainsi avec elles leurs besoins et leurs attentes en matière de formation. À partir de là, nous leur proposons un programme d’apprentissage ou une formation disponible au niveau du registre national des certifications professionnelles.

— Propos recueillis par Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2991)