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Pourquoi le système de recrutement des enseignants ne fonctionne plus

Le concours, à forte valeur symbolique pour la communauté éducative, attire de moins en moins. Une pénurie de professeurs est annoncée pour la rentrée.

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Publié le 08 juillet 2022 à 06h29, modifié le 08 juillet 2022 à 09h52

Temps de Lecture 4 min.

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Lors de l’épreuve de philosophie du baccalauréat 2022, au lycée Sainte-Marie-Les-Maristes, à Lyon, le 15 juin 2022.

A quoi bon passer un concours difficile quand on peut être embauché en trente minutes par le biais d’« un job dating » ? Nombre de candidats aux concours de l’enseignement se sont posé cette question un brin provocatrice, lorsqu’ils ont vu ces événements fleurir pour recruter des professeurs contractuels ces dernières semaines. Même s’ils ont conscience de la précarité de cette situation, « ils ont ressenti l’essor de ces dispositifs de recrutement comme une gifle », raconte Philippe Watrelot, professeur de sciences économiques et sociales.

Mais le constat est là : les concours de l’enseignement attirent de moins en moins de candidats : 4 000 postes restent à pourvoir à l’issue des sessions 2022, soit environ un poste sur six. Pap Ndiaye l’a reconnu sur France Inter, jeudi 7 juillet : « Nous avons un problème de recrutement des professeurs. C’est un problème ancien mais qui s’est aggravé avec le passage du concours de la fin de la première année de master à la fin de la deuxième année de master et avec cette question des rémunérations qui ne sont objectivement pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre. » Le ministre de l’éducation nationale appelle à « un choc d’attractivité ». « Les carrières d’enseignants peuvent être repensées, tout cela doit être réfléchi, ça va prendre du temps », a-t-il cependant prévenu.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes du désamour pour le métier d’enseignant. Alors que l’Etat fait de plus en plus appel à des contractuels, le ticket d’entrée dans la profession a augmenté pour les candidats aux concours, appelés à devenir fonctionnaires. Pour la première fois, à l’aune d’une énième réforme de la formation, ces derniers ont passé les épreuves à l’issue de leur master. Une manière d’achever la « mastérisation » de la formation des enseignants mise en place en 2010 pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Pour les inscrits en master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et la formation (MEEF) – environ la moitié des admis aux concours en 2020 –, la tâche est immense. Ils doivent en un an tout à la fois se préparer au concours, obtenir leur master, rendre un mémoire et effectuer des stages ou une alternance dans les établissements scolaires. Une année jugée « trop lourde » par l’ensemble des acteurs. « On fait tout pour les dégoûter », se désole Philippe Watrelot.

« Renverser la logique »

« Le niveau de qualification exigée augmente sans pour autant qu’il y ait de contreparties salariales », remarque Asma Benhenda, économiste spécialiste des politiques éducatives. Une tendance qui n’est pas sans conséquence pour les étudiants qui se projettent dans le métier d’enseignant. « Plus on recrute tardivement, plus la part des étudiants d’origine modeste diminue. Certains ont besoin de sécuriser leurs parcours », font valoir l’inspecteur général honoraire François Louveaux et l’ancienne rectrice Marie-Danièle Campion, tous deux copilotes du comité de suivi de cette réforme. En 2015, un tiers des enseignants de moins de 32 ans étaient issus des classes populaires.

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