C’est une photographie inédite des carences du secteur de la petite enfance que livre la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), lundi 11 juillet, avec l’enquête nationale sur la pénurie de professionnels en établissements d’accueil du jeune enfant.
L’étude a été effectuée à la demande du comité de filière petite enfance, mis sur pied en novembre 2021 par l’ancien secrétaire d’Etat à l’enfance Adrien Taquet, pour faire des préconisations afin de renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance, aux prises avec de nombreuses difficultés.
« Les modes d’accueil des jeunes enfants, au sens large, font face à des tensions de personnes qui pèsent sur les conditions de travail des professionnels en poste et sur l’offre d’accueil. C’est un constat récurrent et insistant émanant des professionnels, en particulier dans certains territoires. Mais il n’avait pas été documenté dans la période récente », fait valoir Guillaume Roussier, responsable du pôle petite enfance du département enfance, jeunesse et parentalité de la CNAF. L’enquête répond donc à « un double objectif, poursuit M. Roussier. Mesurer l’ampleur de la pénurie des personnels de crèche et les conséquences sur l’offre d’accueil proposée aux familles ».
La situation en Ile-de-France particulièrement alarmante
La CNAF s’est concentrée ici sur l’accueil collectif, qui constitue le deuxième mode de garde en France, derrière les assistantes maternelles. Au total, 15 986 crèches collectives, offrant 411 959 places, ont répondu au questionnaire qui leur a été adressé en avril.
A propos de la pénurie de personnel, il apparaît que près de la moitié des établissements interrogés (48,6 %) font état de postes vacants de manière durable – soit plus de trois mois. Cela correspond à 8 908 postes en équivalent temps plein (ETP). Tous les métiers de la petite enfance ne sont pas touchés par le phénomène de la même manière ; au minimum, 45 % des besoins de recrutement concernent des postes d’auxiliaire de puériculture et 17 % des postes d’éducateur de jeunes enfants. Enfin, 1 623 postes de direction sont vacants.
C’est au sein des microcrèches, ces structures pouvant accueillir jusqu’à 12 enfants, qui connaissent un essor sans précédent ces dernières années, que le manque de professionnels est le plus élevé (23,71 ETP manquants pour 1 000 places, contre 21,62 ETP pour 1 000 places en moyenne).
La carte de France de la pénurie révèle de fortes disparités territoriales, avec un niveau d’exposition aux difficultés de recrutement qui va de 1 à 9, relève la CNAF. La situation est particulièrement alarmante dans la région Ile-de-France, qui compte le plus de places en établissements d’accueil du jeune enfant (124 768 places recensées dans l’enquête, soit 30 % du total) et qui concentre 3 639 postes en ETP vacants, soit 41 % de l’ensemble. Outre les trois départements de la petite couronne parisienne (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine et Seine-Saint-Denis), les départements du Rhône, les territoires de Paris et de la Guyane sont très fragilisés.
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