Moins de deux semaines après la remise au président de la République des conclusions des Etats généraux de la justice, Eric Dupond-Moretti a entrepris un premier cycle de concertations. Le ministre de la justice a reçu, du mercredi 20 au vendredi 22 juillet, tout ce que la justice compte comme représentants, de la Conférence des procureurs généraux aux syndicats de surveillants pénitentiaires en passant par le Conseil supérieur de la magistrature ou le Conseil national des barreaux. Il poursuivra, lundi 25 juillet, ce tour de piste par une rencontre avec les représentants des forces de sécurité intérieure et leur ministre, Gérald Darmanin.
Un premier couac est venu troubler cette phase préparatoire au plan d’action pour la justice que M. Dupond-Moretti compte arrêter à l’automne, en vue notamment de la loi de programmation promise par la première ministre, Elisabeth Borne, le 6 juillet, devant le Parlement. Les deux principaux syndicats de magistrats ont refusé de répondre à l’invitation du garde des sceaux. La guerre larvée que mènent l’Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) contre le ministre, mis en examen depuis juillet 2021 à la suite de leur plainte, n’est donc pas terminée.
« Le ministre regrette fortement cette absence, compte tenu de l’importance des sujets sur la table. Sa porte reste toujours ouverte », fait savoir son entourage. « L’attitude de l’USM et du SM est dommage, ils s’affaiblissent alors que les enjeux sont considérables. Il faut passer à autre chose », estime un haut magistrat, ayant participé à l’une de ces réunions, malgré le peu de sympathie qu’il éprouve lui-même pour M. Dupond-Moretti.
« Nous avons posé des conditions pour voir le ministre, elles ne sont pas remplies et il veut nous imposer son ordre du jour sans aucune considération pour nos demandes », justifie Céline Parisot, présidente de l’USM. « Nous attendions des engagements sur les recrutements et la revalorisation des rémunérations », précise Aurélien Martini, l’un des responsables nationaux du syndicat majoritaire. Il se dit « surpris » que le ministre ne fasse pas droit « à ce préalable accessible et symbolique ». Pourtant, Emmanuel Macron a inscrit dans son programme électoral de 2022 la création de 8 500 postes dans la justice au cours de son second quinquennat, tandis que la nécessité d’une hausse des traitements des magistrats et des greffiers a été soulignée dans le rapport des Etats généraux.
Courte éclaircie
De son côté, la présidente du SM, Kim Reuflet, explique refuser une réunion bilatérale avec M. Dupond-Moretti « afin de préserver la place de chacun dans la procédure pénale en cours qui nous oppose ». Le syndicat a demandé à rencontrer à la place le directeur de son cabinet, Jean-Denis Combrexelle, et les autres membres du cabinet, « car on ne se satisfait pas d’une situation de blocage ». « De la même façon que le ministre n’a pas à choisir ses interlocuteurs syndicaux, les syndicats ne peuvent choisir leurs interlocuteurs au sein du ministère », a répondu M. Combrexelle dans un courriel adressé au syndicat.
Il vous reste 45.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.