C’est une marathonienne par destination. Elisabeth Calmon, 55 ans, directrice des centres hospitaliers de Rambouillet (464 lits) et Houdan (292 lits), dans les Yvelines, court. Elle court contre son agenda. Il est 8 h 30 ce mercredi de la fin juin, et sur ses sandales à talons compensés, elle dégringole les deux étages qui mènent à son bureau, remonte une rue, râle contre son arthrose mais trotte encore dans un souterrain décrépi de l’établissement pour rejoindre la énième réunion de sa semaine.
Cette fois, il s’agit de faire un point de situation avec 25 cadres hospitaliers (dont 21 femmes) sur l’audit qu’a mené la Haute Autorité de santé (HAS), la semaine précédente, sur ses établissements. Un large sourire aux lèvres, Mme Calmon remercie chaleureusement l’ensemble des responsables de service et les équipes à travers eux. A l’issue d’une semaine d’enquête, « un inspecteur a dit qu’il viendrait se faire soigner dans nos hôpitaux. C’est le plus beau compliment que l’on puisse nous faire », lance-t-elle à ses troupes, enthousiaste.
Quelques minutes plus tôt, dans son bureau, elle concevait pourtant un plan de contre-mesures pour convaincre la HAS d’accorder son accréditation, « parce que là, on a chaud aux fesses ». Maîtriser les risques, gérer l’urgence et souvent la pénurie sans jamais communiquer son stress, c’est le métier de directeur d’hôpital.
Deux critères manquants
Pour évaluer la qualité des soins d’un établissement, les inspecteurs de la HAS réalisent sur les services de soins un audit sur 110 critères. Le groupe hospitalier de Rambouillet obtient cette année un score de 92 %, une bonne note. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il existe quinze critères à valider pour obtenir la certification. Deux manquent : la traçabilité des chariots d’urgence et la gestion des médicaments à risques.
10 heures. De retour à son bureau, Elisabeth Calmon, accompagnée de Marine Faure, ingénieure qualité, finalise une réponse à mettre en œuvre sur le terrain et une autre à apporter à la HAS. Un groupe de travail est rapidement mis en place afin de comprendre pourquoi la procédure n’a pas été respectée. Viendront un cycle de formation, de rappels des bonnes pratiques, puis une traçabilité et des audits internes pour s’assurer que le message est bien passé. « Il faut transmettre ce plan d’action à la HAS, avec les copies des feuilles de traçabilité comme élément de preuve », conclut la directrice.
La certification est-elle nécessaire au fonctionnement de l’hôpital ? « Vous monteriez dans un avion qui n’a pas de certificat de navigabilité ? », répond Pascal Dufour, directeur adjoint. La mission des inspecteurs fait ou défait la réputation d’un hôpital.
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