Le programme Erasmus a la cote dans l’enseignement agricole

80 % des établissement agricoles ont proposé des échanges dans le cadre du programme Erasmus + entre 2014 et 2020 [Sergey Rudavin / Shutterstock]

Entre 2014 et 2020, 80 % des établissements agricoles ont proposé des séjours à l’étranger aux élèves et au personnel.

À Castelnaudary, dans le sud-ouest de la France – ville autoproclamée capitale mondiale du Cassoulet -, le campus agricole est devenu un petit carrefour européen.

Depuis 2018, les trois établissements de la ville réunis en consortium Erasmus ont déjà permis à plus d’une centaine d’élèves de réaliser un stage professionnel dans plusieurs pays voisins.

« Je suis parti en Italie pour apprendre le savoir-faire italien et aussi car mon but est de parcourir le globe pour découvrir les différents savoir-faire. Je suis dans l’azienda di Gello. C’est une exploitation de vache à viande et qui fait de la sélection génétique. Elle possède 600 hectares », raconte Quentin Bernard, jeune élève de la filière polyculture-élevage sur le site de l’établissement.

Le mois prochain, courant juin, ce sont 42 élèves qui, comme Quentin, traverseront nos frontières. Pour Séverine Bousquet, secrétaire et référente coopération internationale du campus, ces derniers reviennent à chaque fois « transformés ». 

« Ils gagnent en estime d’eux-même, ont plus confiance en eux. Mais nos objectifs sont plus larges. Les échanges visent à acquérir de nouvelles pratiques agricoles, gagner en autonomie, améliorer l’adaptabilité, la mobilité et bien sûr à apprendre une langue étrangère » explique-t-elle à EURACTIV.

La prochaine étape : recevoir des élèves étrangers à Castelnaudary, le « principe de réciprocité » étant inscrit dans le projet. En attendant, la liste des pays partenaires s’allonge. Après L’Italie, l’Espagne, Malte, la Pologne, une convention vient d’être signée avec un établissement agricole croate.

80 % des établissements agricoles

Comme les élèves du campus agricole de Castelnaudary, pas moins de 37 300 élèves, étudiants ou apprentis français ont pu partir dans quelques-uns des 200 pays proposés par Erasmus + entre 2014 et 2020. Des échanges qui concernent 80 % des établissements agricoles du pays.

« La période 2014-2019 a vu les mobilités de l’enseignement agricole plus que doubler, ce qui traduit le fort investissement des enseignantes, enseignants et personnels à tous niveaux de responsabilité, tout au long de la programmation », explique Laure Coudret-Laut, directrice de l’Agence Erasmus + France / Éducation Formation dans le dernier bilan du ministère de l’Agriculture.

Erasmus + « soutient la politique éducative d’ouverture à l’Europe et à l’international au bénéfice des jeunes des établissements de l’agriculture », poursuit-elle.

Cette incitation à découvrir les métiers de l’agriculture au-delà de nos frontières est même inscrite dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014, laquelle précise que « la coopération européenne et internationale compte parmi les 5 grandes missions de l’enseignement ».

Pour les territoires ruraux, le programme permet également d’accéder plus facilement aux échanges internationaux, encore privilège des grandes villes.  En effet, selon une étude de 2019, 27 % des 17-23 ans des territoires ruraux déclarent être encouragés à aller étudier à l’étranger par leurs familles, contre 41 % en agglomération parisienne.

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Les élèves… et le personnel

Mais Erasmus + ne profite pas qu’aux élèves. Dans le campus agricole de Castelnaudary, la première expérience internationale fut celle du personnel de l’établissement. 

Deux membres de la direction, un de l’administration et trois enseignants sont partis dès 2017 en Italie au cœur de la Toscane, près d’une ville avec laquelle Castelnaudary est jumelée.

Ces « job shadowing » (postes d’observation dans une structure étrangère), ont d’abord permis à ces adultes d’apprendre l’italien. « Quand je démarchais les accompagnateurs, beaucoup me disaient qu’ils ne parlaient pas la langue. C’était un vrai problème, car il faut toujours du personnel pour accompagner les étudiants dans un autre pays », rapporte Séverine Bousquet.

En 2022, ils seront une vingtaine à faire leur valise pour rejoindre un autre pays européen. L’occasion également de rencontrer sur place des responsables politiques agricoles, économiques des différentes filières. Et de mettre en place de nouveaux partenariats.

À l’échelle nationale, plus de 6 500 personnels français ont ainsi réalisé des mobilités dans le cadre du programme Erasmus + depuis 2014.

De nombreux projets en France

Des élèves et du personnel mobiles comme à Castelnaudary, il en existe partout en France. Depuis quelques années, quantité d’initiatives originales se lancent ici et là.

En Guyane, le lycée agricole de Matiti s’est associé avec le lycée de Skjetlein en Norvège pour organiser des échanges et « lutter contre le décrochage scolaire et l’absentéisme ».

Le projet EducLocalFOOD est un autre bel exemple de coopération et d’ouverture européenne. En 2018, cinq établissements – l’Université de Maribor (Slovénie), l’Observatoire européen du paysage (Italie) ou encore la Bergerie nationale (France) – ont profité du programme pour concevoir ensemble un kit pédagogique sur les systèmes alimentaires locaux et durables (SALD) pour accompagner les enseignants.

Afin de récompenser quelques-unes de ces initiatives, un prix Erasmus + sera désormais remis tous les ans lors du Salon de l’Agriculture. Cette année, pour sa première édition, c’est le LEGTA de Crézancy dans l’Aisne qui a remporté le premier prix, un chèque de 3 000 euros qui servira à financer un prochain voyage d’études.

La dynamique semble donc bien lancée. D’autant que les bénéfices dépassent généralement la simple expérience. « A leur retour, les élèves choisissent ensuite des établissements d’études supérieures en fonction des échanges internationaux qui sont proposés. Mais ils motivent aussi les plus jeunes à voyager  » confie Séverine Bousquet. 

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