Publicité

Le paysage très déséquilibré de l'énergie éolienne en France

Une cartographie inédite et exhaustive des installations d'éoliennes terrestres sur le territoire français pointe de profondes disparités entre les régions. Les Hauts-de-France et le Grand Est surclassent l'ouest et le sud-est de l'Hexagone, zones pourtant venteuses.

Porter la part de l'éolien dans la production mixe électrique à 20 % en 2050 passe par l'installation de 6.500 nouveaux mâts en plus des 8.500 existants. 
Porter la part de l'éolien dans la production mixe électrique à 20 % en 2050 passe par l'installation de 6.500 nouveaux mâts en plus des 8.500 existants. (Laurent GRANDGUILLOT/REA)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 26 juil. 2022 à 17:59Mis à jour le 26 juil. 2022 à 18:33

L'exercice cartographique n'avait encore jamais été réalisé de façon aussi minutieuse. Il confirme, au mégawatt près et jusqu'à l'échelle communale, les très fortes inégalités qui continuent de marquer le territoire métropolitain s'agissant de la répartition de l'énergie éolienne. Selon le recensement établi par Hello Watt , une société de conseils en économie d'énergie, la région des Hauts-de-France, avec 4.245 mégawatts de puissance installée et 1.863 mâts en actions, reste incontestablement la plus verte dans ce domaine.

La région Grand Est affiche un bon score aussi (3.967 mégawatts et 1.846 mâts). Contrairement aux régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et Auvergne-Rhône-Alpes. Leurs capacités se limitent, pour la première, à 98 mégawatts produits par 98 éoliennes et, pour la seconde, à 67 mégawatts fournis par 50 mâts.

D'un point de vue météorologique, cette situation s'explique, mais en partie seulement. Elle cadre assez imparfaitement avec la carte de la répartition des vents fournie dans l'étude d'Hello Watt. Le nord de la France, mais aussi les régions de l'ouest jouissent d'une situation favorable. Pour autant, la Bretagne (856 mégawatts et 541 turbines), les Pays de la Loire (935 mégawatts et 512 mâts) et la Normandie (854 mégawatts et 382 éoliennes) ne brillent pas particulièrement dans ce classement.

Publicité

Une problématique foncière

Le constat est encore plus surprenant dans les terres du sud-est du pays qui comptent pourtant parmi les plus venteuses. « De Perpignan aux Cévennes, il n'y a pas grand-chose », observe Sylvain Le Falher, le dirigeant d'Hello Watt. Entre le nord de Marseille et Lyon, le couloir rhodanien est un courant d'air en même temps qu'un quasi-désert pour les éoliennes.

Leur absence tient à plusieurs facteurs. La ressource en vent doit bien sûr être abondante mais aussi régulière. « Quand cela souffle trop, les turbines ne tournent pas », explique Sylvain Le Falher. Cet expert de la tarification de l'énergie, passé par la Commission de régulation de l'électricité (CRE), avance une autre raison : « Il faut du foncier accessible ».

Autrement dit, les territoires peu densément peuplés sont regardés avec plus d'attention par les promoteurs de parcs éoliens. C'est en partie ce qui explique que dans le Grand Est, la Meuse, l'Aube et la Marne, bien exposés aux vents, comptent parmi les dix départements les plus équipés.

Le « désert français » s'est mis à procurer à l'éolien de véritables « oasis » dans certaines régions. Le petit village de Joncels, dans l'Hérault compte un mât pour sept habitants. Dans le même département, à Cambon-et-Salvergues (Ain), ces deux « populations » sont quasi équivalentes, indique l'étude d'Hello Watt, bâtie sur l'exploitation de plusieurs bases de données publiques.

Faire ressortir les opportunités

« D'autres critères peuvent également avoir une incidence sur les décisions d'installation d'éoliennes », indiquent les auteurs de l'étude. « L'acceptation par les populations et les associations de ces installations, les procédures administratives et leur validation par les collectivités territoriales, la demande en énergie sur ces territoires et le remplacement d'installations préexistantes », jouent et concourent à cette répartition inégale de l'éolien en France.

Une répartition que cette carte, de par sa précision, pourrait permettre de corriger. Dans l'esprit de ses initiateurs, il s'agit de faire apparaître les opportunités d'implantations de nouveaux parcs. La publication de ce document s'inscrit aussi dans un contexte porteur pour cette source d'énergie verte. « La CRE a récemment annoncé que la filière éolienne contribuerait à hauteur de 7, 7 milliards d'euros au budget de l'Etat en 2022 et 2023 » , rappelle Sylvain Le Fahler.

Mais il faudra plus qu'un environnement géopolitique favorable pour installer enfin l'éolien dans le paysage. Porter sa part dans la production mixe électrique à 20 % en 2050 (7,8 % en 2021), comme il est prévu dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), passe par l'installation de 6.500 nouveaux mâts en plus des 8.500 existants. Une transition qui ne peut s'opérer qu'à marche forcée, tout en déployant des trésors de concertation.

C'est tout l'enjeu du projet de loi « d'accélération » des énergies renouvelables sur lequel le gouvernement travaille actuellement et qu'il compte présenter à la rentrée.

Joël Cossardeaux

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité