L’éducation nationale est-elle parvenue à endiguer le raz-de-marée ? Après avoir admis 95,7 % des candidats au baccalauréat en 2020 et 93,9 % en 2021 – deux niveaux inédits –, les résultats définitifs pour 2022, à l’issue de la session de rattrapage, sont en recul de 2,8 points, avec 91,1 % d’admis. Ce résultat global masque de fortes variations selon les séries : 96,1 % des candidats sont reçus en voie générale, 90,6 % en voie technologique et 82,3 % en voie professionnelle, cette dernière accusant la plus grosse baisse – de 4,5 points – par rapport à 2021.
Les résultats, en repli par rapport aux deux dernières années marquées par le Covid-19, sont cependant en hausse par rapport à la dernière session « normale », celle de 2019, qui avait admis 88,1 % des candidats sur les trois séries et 91,2 % au bac général. Seule la voie professionnelle accuse un léger repli, de 0,3 points, par rapport à 2019. A noter que la session 2019 correspond à l’ancienne mouture de l’examen, sans contrôle continu et avec toutes les disciplines en épreuves terminales.
Un premier élément expliquant le recul des résultats par rapport aux deux sessions précédentes viendrait du fait que les candidats de 2022 sont les premiers de la période Covid à avoir passé le bac « en entier ». Les épreuves de français ont été maintenues en 2021 et toutes les épreuves terminales ont bien eu lieu cette année – même si les spécialités ont été décalées à début mai.
Aucune consigne d’harmonisation à la hausse des notes
« Les élèves ont, de fait, été confrontés à des épreuves de baccalauréat alors que l’ensemble de leur scolarité au lycée a été perturbée, analyse Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT. Ils ont connu le premier confinement en seconde, puis les demi-jauges et les absences répétées d’enseignants ou d’élèves en première, et enfin la vague Omicron cette année. Et malgré cela, toutes les épreuves ont eu lieu. » Pour le SGEN-CFDT, le « retard » accumulé par les lycéens a également pu jouer sur la préparation aux épreuves : les enseignants de terminale auront peut-être favorisé les apprentissages, les connaissances, au détriment des exercices « type bac ».
Quid, dans ce cas, de la fameuse « bienveillance » de mise en temps de Covid-19 ? « Il y a quand même une probité des correcteurs, qui est indispensable et qui existe, rappelle Catherine Nave-Bekhti. Les collègues peuvent tenir compte du contexte en sanctionnant moins sévèrement les imprécisions. Mais ils ne vont jamais jusqu’à dire que c’est réussi alors que c’est raté. » Le ministère de l’éducation lui-même, rattrapé par des alertes de correcteurs sur des cas d’harmonisation massive des copies de spécialité, a souligné à plusieurs reprises qu’aucune consigne d’harmonisation à la hausse n’avait été donnée. « Ces harmonisations ont bel et bien eu lieu, et de manière conséquente dans certaines académies », insiste Sophie Venetitay, du SNES-FSU. Mais force est de constater qu’elles n’ont pas eu un effet massif sur les résultats.
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