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« Mon premier jour en école de commerce, je croyais être sur la lune »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Florian Werlé, étudiant à l’ESCP, regrette l’uniformité et le corporatisme qui caractérisent, selon lui, le monde des grandes écoles de commerce.

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Publié le 10 juillet 2022 à 07h00, modifié le 06 septembre 2022 à 14h33

Temps de Lecture 4 min.

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La première fois que je suis arrivé dans mon école de commerce parisienne, l’une des plus sélectives de France, j’ai été frappé par l’attitude des étudiants. A l’ESCP, on te dit bonjour, on se présente avec des « enchanté »… Inutile de dire que dans mon lycée à Strasbourg, qui n’avait rien d’un lycée d’élite, personne ne disait « enchanté ». Dès les premières questions, chacun veut savoir qui vient d’où et plusieurs noms reviennent sans arrêt : « H4 » (Henri-IV), « Ginette » (Sainte-Geneviève), « Stan » (Stanislas)… Tout un nouveau vocabulaire à apprendre.

Je me souviens de mon premier amphi : je vois des costumes, des chemises blanches. Je regarde les visages : que des Blancs. Même si je suis moi-même blanc, j’ai toujours été dans des établissements avec beaucoup de diversité, donc ça m’a choqué. La directrice nous accueille : « Vous êtes la future élite du pays »… Avant d’ajouter un peu plus loin : « Le P d’ESCP signifie “pluralité”. » Je croyais être sur la Lune, mais j’allais monter encore d’un cran : vient le tour d’un alumni de l’école de parler. Il s’appelle Arnaud de Puyfontaine. Il est PDG [président-directeur général] d’une entreprise du CAC 40. Je n’en avais jamais vu de mes yeux. Il est venu spécialement pour nous accueillir à l’école. Il annonce offrir des places de concert à ceux qui lui posent des questions. Il conclut sur une phrase marquante : « Je devais être médecin, puis finalement j’ai choisi les médias, vous voyez, il n’y a pas de déterminisme. » Sans rire !

Politesse cordiale

Rapidement, je me rends compte que je suis en décalage avec les autres étudiants. Je viens de la classe moyenne de Strasbourg : ma mère est agente d’accueil dans l’administration et mon père, commercial. Je n’avais pas acquis ce « savoir-être » particulier que l’on voit dans les établissements prestigieux. Ici, tout le monde, en apparence, s’apprécie ; il n’y a pas, comme ce que j’avais connu jusque-là, de rivalités entre les gens. Ou plutôt, quand il y en a, tout est très atténué par une sorte de politesse cordiale : on ne dit pas « je ne suis pas d’accord », mais « je comprends ton point de vue ». Hors de question de se battre ici : les conflits les plus violents se déroulent à coups d’échanges de blagues incisives, suivies de rires jaunes. J’ai compris au fil des jours que l’ESCP, comme beaucoup de grandes écoles de commerce, est une école de la socialisation. On apprend avant tout à se faire son réseau, à adopter un savoir-être du monde des cabinets de conseil, des banques d’affaires et du CAC 40.

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