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Grandes écoles de management : la facture immobilière et numérique s'alourdit

Pour financer leurs investissements, les grandes écoles misent sur la formation continue, les bachelors ou l'international. Mais l'inflation et la hausse des taux d'intérêt pèsent sur les investissements immobiliers et numériques.

A Reims, la communauté urbaine participera au financement du futur campus de Neoma à hauteur de 10 millions d'euros.
A Reims, la communauté urbaine participera au financement du futur campus de Neoma à hauteur de 10 millions d'euros. (Neoma)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 9 août 2022 à 12:15Mis à jour le 9 août 2022 à 14:19

« On ne se met pas derrière un iPhone pour filmer un cours », lâche Alexandre de Navailles, directeur général de Kedge, pour justifier l'investissement de 50 millions d'euros de son école dans la technologie.

Comme pour bon nombre d'écoles, l'investissement numérique s'ajoute à celui de l'immobilier, à coups de dizaines de millions d'euros. Le numérique demande « une ingénierie très travaillée », insiste Isabelle Huault, directrice générale d' emlyon . L'école a prévu de financer les 17 millions d'investissements numériques et les 140 millions du futur campus de Gerland par un emprunt contracté sur vingt-cinq ans, avec l'appui d'un pool bancaire.

« Avoir les reins solides »

Tous ces investissements sont-ils tenables, alors que les grandes écoles s'inquiètent pour leur modèle économique ? Avec une facture de 130 millions d'euros, « on a intérêt à avoir les reins solides », répond Stéphanie Lavigne, directrice générale de Toulouse Business School. « Il y a cinq ans, on se disait que l'enseignement en ligne allait permettre de gagner des mètres carrés et de faire des économies, se souvient la directrice générale de Neoma, Delphine Manceau. Aujourd'hui, c'est l'inverse, on investit massivement et la logique n'est pas du tout de faire des économies. »

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Où trouver l'argent ? La réponse ne passera pas par la hausse des frais de scolarité, qui restera « raisonnable », assurent nombre d'écoles. « On ne va pas tirer sur les familles françaises », affirme Alice Guilhon, à la tête de Skema. En revanche, l'établissement pourrait augmenter les frais des étudiants étrangers qui viennent étudier sur ses campus internationaux. « Aux Etats-Unis, le levier est énorme », glisse Alice Guilhon.

Développer la formation continue

L'école cherche aussi d'autres « relais de croissance » dans de nouveaux pays. Les projets russe et australien ont été suspendus, mais Skema envisage une « très grosse implantation » qui couvrirait le Moyen-Orient, l'Inde et le Pakistan sous la forme d'un « grand hub ».

Pour financer leurs projets, les écoles entendent aussi développer la formation continue. A Toulouse, Stéphanie Lavigne envisage une progression du chiffre d'affaires sur cette activité de 20 % d'ici cinq ans. A La Rochelle, Excelia mise sur les microcertifications à distance. D'autres comptent sur le développement des bachelors, pour lesquels la demande est forte.

Le soutien des collectivités locales

Les collectivités locales apportent parfois aussi leur soutien. Neoma envisage de financer son campus de Reims sur ses fonds propres et par l'emprunt. Mais la communauté urbaine du Grand Reims a déjà acté sa participation à hauteur de 10 millions d'euros.

A Tours, la construction des 5.500 m2 du campus d'Excelia sera prise en charge par l'agglomération. L'extension du campus de La Rochelle, prévue pour 2026, sera financée par le département de Charente-Maritime. « Des agglomérations investissent dans des campus pour avoir des jeunes qui se forment et travaillent demain sur le territoire », explique Bruno Neil, directeur général de l'établissement.

Conditions d'emprunt plus difficiles

Malgré ces soutiens, le contexte économique pèse sur les finances des grandes écoles, qui ont contracté des prêts dans un contexte non inflationniste et alors que les taux d'intérêt étaient bas. Pour certaines d'entre elles, les conditions d'emprunt pourraient être revues à la hausse.

D'autres facteurs peuvent renchérir le coût des projets, comme pour l'université Paris-Dauphine et ses 40 millions d'euros de surcoûts budgétaires liés à l'organisation des Jeux Olympiques de 2024. Les entreprises avaient « anticipé des hausses de prix, avant même la crise et la montée du prix des matières premières », expliquait il y a quelques mois le président de l'université, El Mouhoub Mouhoud qui a réussi à les limiter à 35 millions.

Marie-Christine Corbier

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