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Ces quatre femmes qui se sont fait une place dans l'industrie du jeu vidéo

Présidente et directrice créative du très reconnu studio Spiders, directrice opérationnelle chez le géant Electronic Arts, game designer d'un studio dans les années 1980 et pionnière du jeu vidéo : gros plan sur le parcours de quatre femmes qui ont marqué le secteur du jeu vidéo ou continuent à le faire.

En 2020, Jehanne Rousseau avait reçu le trophée de la « personnalité de l'année » lors des « Pégases », l'équivalent des «� Césars » du jeu vidéo.
En 2020, Jehanne Rousseau avait reçu le trophée de la « personnalité de l'année » lors des « Pégases », l'équivalent des « Césars » du jeu vidéo. (Photo François Guillot/AFP)

Par Nicolas Richaud

Publié le 8 août 2022 à 16:22Mis à jour le 8 août 2022 à 17:31

Présidente et directrice créative du très reconnu studio Spiders, directrice opérationnelle chez le géant Electronic Arts, game designer d'un studio dans les années 1980 et pionnière du jeu vidéo, PDG du groupe Rovio et sa franchise à succès « Angry Birds » : gros plan sur le parcours de quatre femmes qui ont marqué l'industrie vidéoludique et qui continuent à le faire pour plusieurs d'entre elles.

Jehanne Rousseau, à l'assaut de la rentrée avec « Steelrising »

Son jeu « Steelrising » est l'un des plus attendus de la prochaine rentrée vidéoludique. Une nouvelle étape dans la carrière de Jehanne Rousseau, qui a piloté le développement de ce titre qui est déjà sa septième oeuvre depuis qu'elle a co-créé, en 2008, le studio Spiders, dont elle est présidente et directrice créative.

Entrée dix ans plus tôt dans l'industrie après une « prépa » Beaux-Arts, elle y fait ses gammes dans le graphisme 2D chez RFX Interactive où elle devient vite cheffe de projet puis game designer (création des règles et principes d'un jeu). Jehanne Rousseau file ensuite chez Gameloft où elle grimpe encore d'un rang pour devenir productrice (chargé du développement d'un jeu). Après un passage par le studio Monte Cristo, elle se lance à son compte avec six autres associés.

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« C'était l'incrédulité autour de moi. Y compris de gens proches qui me voulaient du bien et me déconseillaient de faire ça parce qu'ils pensaient que je ne serai pas assez 'agressive' ou ambitieuse, non seulement pour créer une société, mais aussi pour la diriger », relate-t-elle. Très vite, Spiders attire l'oeil du groupe français Focus Home Interactive et du patron de l'époque, Cédric Lagarrigue, qui va éditer tous ses jeux de 2011 à 2019.

De titre en titre, les équipes de Spiders montent en puissance et rencontrent un premier succès avec la sortie, en 2014, de « Bound by Flame » qui s'écoule à 800.000 unités. Une performance de haute volée pour un titre à petit budget qui positionne le studio et Jehanne Rousseau sur la carte des jeux vidéo français. La consécration a lieu en 2019 avec « Greedfall » qui se vend à plus de 2 millions d'exemplaires.

La patte de Spiders ? « Nos jeux se déroulent dans des univers originaux, ont un parti pris très narratif avec de fortes inspirations historiques sur nos derniers titres », note Jehanne Rousseau, dont le studio a été racheté par l'éditeur Nacon il y a trois ans. En 2021, elle est faite chevalière de l'Ordre national du Mérite. A sa demande, c'est Muriel Tramis - première créatrice française de jeux vidéo décorée de la Légion d'honneur -, qui lui remet la distinction.

Une reconnaissance qui n'a pas asséché son inspiration. Désormais reconnue, Jehanne Rousseau se sait attendue avec « Steelrising », un titre bénéficiant de 10 millions d'euros de budget total ; un record pour Spiders dont les équipes travaillent sur la suite de « Greedfall » qui est prévue pour 2024.

Laura Miele, la plus haute en grade dans l'industrie

En fin d'année dernière, Bloomberg l'a consacrée comme « la femme la plus puissante du jeu vidéo ». A l'époque, Laura Miele venait d'être nommée au poste de directrice opérationnelle (COO) chez Electronic Arts (Fifa, Battlefield), l'un des membres du « big four » mondial des éditeurs de jeux pour consoles au côté d'Activision Blizzard, Take-Two et Ubisoft.

Avant sa promotion, cette Américaine supervisait l'intégralité des studios de développement de jeux d'Electronic Arts où elle est entrée il y a près de deux décennies et où elle a grimpé les marches hiérarchiques une par une.

Muriel Tramis, la pionnière

Son oeuvre dans le secteur a été reconnue sur le tard ; un paradoxe tant Muriel Tramis a été en avance sur son temps. Ingénieure de formation (une rareté à l'époque pour une femme), cette Martiniquaise s'oriente vers le jeu vidéo (une plus grande rareté encore à l'époque) au mitan des années 1980 en intégrant le studio Coktel.

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C'est dans cette structure qu'elle devient la première femme noire du secteur à occuper le poste haut placé de game designer. « Je n'en avais pas conscience. L'information circulait moins à l'époque, je ne savais pas quelle était la situation dans les autres studios de jeux, seulement qu'il n'y avait parfois pas du tout de femme à la conception », souligne Muriel Tramis. Chez Coktel, elle participe activement à la création des jeux ludo-éducatifs à grand succès de l'époque : « Adi » et « Adibou ».

Mais son legs de créatrice est bien plus large et a mis en avant l'histoire et la culture antillaise. En 1987, sort « Méwilo » (écrit avec Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992) un jeu de découverte de la vie des Antillais se déroulant en 1902 dans la ville de Saint-Pierre (Martinique) juste avant sa destruction par l'éruption de la montagne Pelée. L'année qui suit, Coktel commercialise « Freedom : les Guerriers de l'ombre », où le joueur incarne un esclave devant s'échapper d'une plantation antillaise en une nuit.

Au début des années 1990, elle développe ensuite, avec Pierre Gilhodes, la trilogie à succès des Gobliiins, puis signe sa dernière oeuvre (« Urban Runners ») en 1996, avant de changer de voie quelques années plus tard. En 2018, la revoilà sous les projecteurs ; elle devient la première créatrice française de jeux vidéo décorée de la Légion d'honneur. « Quand j'ai lu le mail du CNC me demandant si j'acceptais d'être décorée, j'ai cru à un canular », raconte Muriel Tramis qui n'a pas mis un point final à sa carrière dans le jeu vidéo.

Depuis 2019, elle planche sur un nouveau projet intitulé « Remembrance », un jeu d'enquête, mêlant présent et passé, se déroulant au coeur de la société créole de l'an 1900 ainsi qu'au lendemain de l'abolition de l'esclavage de 1848. Pour le développement de ce titre, Muriel Tramis a reçu l'appui du CNC ainsi que de la région Réunion et cherche de nouveaux financements pour le mener à bien. Un nouveau chapitre en perspective pour celle qui vient de signer avec la maison d'édition Robert Laffont afin d'écrire son autobiographie.

Kati Levoranta, à jamais la première

Kati Levoranta est la seule femme à avoir jamais dirigé une société de jeux vidéo d'envergure cotée en Bourse. Après plusieurs années chez le champion national Nokia, cette Finlandaise atterrit, en 2012, chez un autre groupe « local » : Rovio, (derrière le jeu à succès « Angry Birds »).

Arrivée en tant que directrice juridique, elle est promue PDG au début de l'année 2016. C'est sous sa direction que la firme met le cap sur la Bourse l'année suivante. Fin 2020, Kati Levoranta a quitté Rovio, laissant derrière elle un groupe rentable, mais toujours très dépendant de sa licence Angry Birds.

Kati Levoranta a été la PDG de Rovio du début de l'année 2016 jusqu'à la fin de l'exercice 2020.

Kati Levoranta a été la PDG de Rovio du début de l'année 2016 jusqu'à la fin de l'exercice 2020.Photo Roni Rekomaa/Bloomberg

Nicolas Richaud

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