Le format a surpris et le fond aussi. Jeudi 25 août au matin, Emmanuel Macron a ouvert, fait inédit, la conférence de rentrée des recteurs d’académie. Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux de l’Elysée, le chef de l’Etat a détaillé la feuille de route des mois à venir et les ambitions de son second quinquennat, en dressant un bilan peu flatteur de l’état du système scolaire.
Il a ensuite énoncé les mesures à prendre, avant d’appeler au changement de méthode annoncé avant l’été, pour un pilotage plus flexible et moins centralisé du système scolaire. Dans la communauté éducative, le discours présidentiel a été accueilli avec circonspection.
- Le « grand travail » promis dans les établissements, en décalage avec les attentes
Pour décrire ce nouveau fonctionnement basé sur la proposition du terrain, le président de la République a parlé de « grand travail » pour « bâtir un projet nouveau, école par école ». Les projets décidés par les équipes pédagogiques bénéficieront d’un « fonds d’innovation pédagogique » doté de 500 millions d’euros. Mais pour les principaux intéressés, la feuille de route n’est pas claire et semble décalée par rapport à la crise actuelle, celle du recrutement et du pouvoir d’achat des enseignants.
« S’il s’agit de mettre les parents d’élèves et les personnels autour d’une table, ça s’appelle un conseil d’administration et nous savons faire, remarque Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat des proviseurs SNPDEN-UNSA. En revanche, les établissements ne souhaiteront pas organiser des choses s’ils ont le sentiment que ça ne donnera rien ensuite. » Emmanuel Macron a insisté sur la « liberté » des équipes éducatives de proposer ou non des projets. Pour Bruno Bobkiewicz, rendre la participation optionnelle « est déjà une manière d’admettre que ça n’est pas une si bonne idée ».
« L’école n’a pas besoin de lancer des projets, elle a besoin de moyens », s’alarme Guislaine David, du SNUipp-FSU, alors que le chef de l’Etat a assumé sa conviction que les moyens supplémentaires ne régleraient pas les difficultés.
L’idée d’indexer des financements sur les projets inquiète également : quid de ceux qui n’auront rien proposé, par manque de temps ou parce qu’une partie de la salle des professeurs s’y oppose ? « On va passer trois mois à débattre pour qu’à la fin on nous distribue des tablettes, parce que c’est toujours comme ça que ça se termine, s’agace Jean-Rémi Girard, du Syndicat national des lycées et des collèges (Snalc). Qu’ils mettent les 500 millions d’euros dans le rattrapage salarial, ça ira plus vite. »
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