Dans la famille Gladines, il y a le grand-père, le père, les oncles, les neveux… et les jumelles. Une lignée de boulangers, et désormais de boulangères. Place de la Halle, à Billom (Puy-de-Dôme), une petite cité médiévale à une vingtaine de kilomètres à l’est de Clermont-Ferrand (5 000 habitants et cinq boulangeries), la devanture jaune et orange du magasin « Au pain bougnat » est un brin surannée. A l’intérieur, un espace de vente sans chichi où flotte une bonne odeur de levain.
C’est une fierté pour Jean-François Gladines, 46 ans, dont trente de boulange, de voir ses filles tomber à leur tour dans la farine
Ici, on affiche en grosses lettres sur les vitres son amour du bon pain « fait à la main, pas à la chaîne », des croissants « sortis du four, pas du carton ». Dans les panières, le Bougnat, une grosse miche au levain, spécialité de la maison à la belle robe croustillante, côtoie la Billomette, un pavé à l’orge malté, et la baguette tradition. Une boulangerie de village où l’on pétrit en famille. C’est une fierté pour le papa, Jean-François Gladines, 46 ans, dont trente de boulange derrière lui, heureux de voir « les filles » tomber à leur tour dans la farine, même s’il ne leur a « jamais imposé ce métier », qu’il continue de pratiquer avec passion, du lundi au samedi.
A la vente, Laurine, 22 ans, fines lunettes cerclées et franc-parler, qui, « après avoir commencé une formation en petite enfance », a finalement bifurqué « vers un CAP en vente alimentaire ». Elle seconde Frédérique, sa mère, épouse de Jean-François. Au fournil, Juliette, sa jumelle, déjà titulaire d’un CAP et d’un brevet professionnel en boulangerie, qui finit en alternance au sein de la boutique familiale son année « complémentaire » en pâtisserie boulangère.
Fini la femme aux fourneaux, place au fournil !
En veste de travail blanche brodée à son nom, manches relevées sur un tatouage fleuri, Juliette achève vers 13 heures une journée commencée à 4 h 30 du matin.
Comme sa sœur, elle a bien tenté de sortir de la trajectoire familiale en apprenant le métier de fleuriste. « Mais je n’étais pas totalement épanouie dans cette voie. J’ai commencé à aider mes parents à la boulangerie et j’ai compris alors que c’était ce que je voulais faire », explique la jeune apprentie, qui accumule les distinctions dans les multiples concours organisés par la profession. Il y a quelques semaines, à Paris, malgré son âge, elle est arrivée en demi-finales au concours national de la meilleure baguette de tradition française.
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