La formation des maîtres sera-t-elle réformée à nouveau ? La décision est actée de « prendre à bras-le-corps » le sujet, selon les mots d’Emmanuel Macron devant les recteurs réunis en Sorbonne, jeudi 25 août. Cela nécessite, selon lui, d’inventer un « parcours ad hoc » pour former au métier de jeunes bacheliers. Interrogé lors de sa conférence de presse de rentrée, vendredi 26 août, le ministre de l’éducation nationale est resté sibyllin à ce sujet. Il a, par ailleurs, annoncé l’organisation, au printemps 2023, d’un concours exceptionnel pour titulariser des contractuels.
« Nous ne remettons pas en cause la mastérisation, mais nous réfléchissons au processus de sélection et de formation des futurs professeurs qui n’implique pas nécessairement un concours au niveau bac + 5 », a déclaré Pap Ndiaye, démentant vouloir détricoter l’une des principales réformes menées lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Pensée en 2010 pour élever le niveau de qualification, la « mastérisation », c’est-à-dire l’exigence d’un diplôme de master pour passer les concours de recrutement des professeurs du premier comme du second degré, avait bouleversé le schéma du concours à bac + 3, en place depuis 1990.
Si l’on remonte plus loin dans le temps, les futurs instituteurs n’avaient parfois pas le bac lorsqu’ils nourrissaient le projet d’enseigner aux écoliers : « Jusqu’en 1969, on intégrait une école normale après la classe de 3e, pour quatre ans de formation. Après cette date, le recrutement s’est fait postbac, suivi de deux ans de formation professionnalisante, en école normale », rappelle l’ancien recteur Alain Boissinot.
« Le recrutement à bac + 5 est injuste socialement »
Le « parcours ad hoc » renouerait-il avec des pratiques enterrées en 1989 par la loi d’orientation de Lionel Jospin, artisan de l’unification de la formation des enseignants des premier et second degrés ? C’est ce qu’a laissé entendre Pap Ndiaye, lors de son audition par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le 2 août.
Soucieux d’ouvrir une réflexion sur le recrutement et de raviver une certaine « culture du premier degré », le ministre a posé le débat : « Est-il absolument nécessaire de recruter des professeurs des écoles à bac + 5 ? » « La mastérisation, c’est acquis », a-t-il poursuivi. Mais « le recrutement à bac + 5 est injuste socialement, puisqu’il faut pouvoir mener ces études, alors que le professorat des écoles représentait une possibilité d’ascension sociale pour celles et ceux qui étaient issus des mondes populaires ».
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