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Décryptage

Emmanuel Macron veut « reprendre à bras-le-corps » la formation des enseignants

Pour susciter plus de vocations d'enseignants, l'exécutif veut aussi les former autrement. Emmanuel Macron s'en est pris, la semaine dernière, aux « diplômes universitaires excessifs », insistant sur la possibilité d'avoir un « parcours ad hoc » juste après le bac. Mais sans remettre en question la mastérisation.

Certains dispositifs de formation ne sont « pas assez connus », selon le ministre de l'Education, Pap Ndiaye.
Certains dispositifs de formation ne sont « pas assez connus », selon le ministre de l'Education, Pap Ndiaye. (SYSPEO/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 31 août 2022 à 07:30Mis à jour le 31 août 2022 à 08:08

Pour rendre plus attractif le métier d'enseignant, il faut augmenter les salaires, mais pas seulement, estime-t-on au sein de l'exécutif. « La confiance que nous devons à nos enseignants passe par une amélioration de la formation initiale [qu'il faut] repenser », a lancé Emmanuel Macron, la semaine dernière, devant les recteurs . Le chef de l'Etat « souhaite qu'on reprenne [le sujet de la formation des enseignants] à bras-le-corps ».

Il a évoqué « l'audace » de ceux qui « ont le droit de s'engager dès le baccalauréat dans ce beau métier et d'avoir une filière fléchée, où on leur permet de consolider des savoirs fondamentaux indispensables pour exercer leur métier, des savoirs pratiques, mais aussi un parcours ad hoc ». « On a souvent, compte tenu de la rémunération », demandé « des diplômes universitaires qui étaient excessifs pour certains » et qui formaient « insuffisamment au métier », selon lui.

« Différentes manières de faire »

Pour faire face à la pénurie d'enseignants, faut-il en déduire que l'exécutif est prêt à remettre en cause la « mastérisation », à savoir le recrutement des enseignants à bac+5 ? Cet été, devant les députés, le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, avait annoncé « une réflexion sur l'opportunité de recruter les professeurs des écoles à bac+5 », jugeant que le faire à ce niveau d'études était « injuste socialement, car il n'est pas donné à tout le monde de poursuivre des études jusqu'à ce niveau ».

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Pour autant, il assure qu'il n'est pas question de remettre en cause la mastérisation. Dans une interview à « Libération », publiée le week-end dernier, le ministre explique qu'il y a « différentes manières de faire, par exemple prérecruter à bac+3 et rémunérer une formation, en alternance, avec une forte pratique professionnelle de deux années supplémentaires se concluant par l'obtention du master si ces dernières se sont bien passées ».

Les étudiants n'auraient plus à financer cinq ans d'études, « ils seraient en somme enseignants stagiaires, comme cela se faisait jadis ». L'idée fera « l'objet de discussions », promet le ministre, « car financer deux ans de formation a un coût ».

Un parcours préparatoire au professorat des écoles

Dans le même ordre d'idées, des pistes ont été ouvertes sous le quinquennat précédent, avec le parcours préparatoire au professorat des écoles, dès bac+1, « qui permet à des étudiants post-bac de s'engager dans une filière de préparation à l'enseignement », rappelle Pap Ndiaye. Il est adossé à une licence généraliste et dispensé en partie dans un lycée et en partie dans une université pendant les trois années de licence.

« Les dispositifs que nous avons ne sont pas si connus, et pas d'une grande clarté, nous réfléchissons donc à tout cela pour favoriser le recrutement des enseignants et assurer une meilleure égalité sociale », indique Pap Ndiaye qui dit « y travailler » avec son homologue à l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau.

C'est finalement la suite de la réforme engagée par Jean-Michel Blanquer sous le précédent quinquennat. « La mastérisation n'a pas eu tous les effets escomptés, des ajustements des formations sont inévitables », indiquait l'ex-ministre de l'Education dès 2018, en s'appuyant sur la Cour des comptes. Déjà à l'époque, il en appelait à davantage de « prérecrutements » d'enseignants pour mieux les former.

Marie-Christine Corbier

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