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Décryptage

Rentrée 2022 : les accompagnants d'élèves en situation de handicap manquent à l'appel

La Défenseure des droits, Claire Hédon, pointe du doigt le manque d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) à la rentrée. Le gouvernement a pourtant annoncé la création de 4.000 postes supplémentaires pour septembre.

Le gouvernement a annoncé la création de 4.000 postes d'AESH à la rentrée.
Le gouvernement a annoncé la création de 4.000 postes d'AESH à la rentrée. (Zivica Kerkez/Shutterstock)

Par Marius Bocquet

Publié le 30 août 2022 à 13:45Mis à jour le 30 août 2022 à 15:29

Il y aurait encore un déficit d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) pour la rentrée. Dans un rapport révélé dimanche, la Défenseure des droits, Claire Hédon, pointe du doigt le « manque » de personnes exerçant cette fonction. Un constat déjà formulé par la médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, Catherine Becchetti-Bizot, fin juillet.

Pourtant, avec l'impulsion donnée ces dernières années à l'école inclusive, le nombre d'AESH a bondi de 42 % depuis 2017, pour s'établir à 132.200 selon les chiffres du ministère de l'Education nationale. C'est plus que la hausse du nombre d'enfants en situation de handicap qui seront scolarisés en milieu ordinaire à la rentrée. Celui-ci a augmenté de 25 % en cinq ans, pour s'établir à 430.000.

4.000 postes en plus à la rentrée

Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, a de plus annoncé en juillet la création de 4.000 emplois d'AESH supplémentaires pour septembre. Par ailleurs, 300 unités localisées (ULIS) seront ouvertes à la rentrée, pour s'établir à 10.200 sur ensemble du territoire. Selon le ministre, le budget consacré aux AESH représente désormais 2,3 milliards d'euros, « une somme importante qui est en croissance ».

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La Défenseure des droits souligne malgré tout le décalage persistant « entre l'augmentation des moyens humains et financiers » et « le nombre grandissant d'enfants dont les besoins sont très largement non ou mal couverts ». Elle explique le manque d'AESH par leur statut « précaire », avec des salaires autour de 800 euros par mois.

De 24 heures à 35 heures par semaine

Pour rendre leur métier plus attractif, Emmanuel Macron a promis pendant la campagne présidentielle de permettre aux AESH de travailler 35 heures par semaine, contre 24 heures actuellement, afin de passer d'un SMIC à temps partiel à un SMIC à temps plein. Le chef de l'Etat a proposé « de reconnaître l'accompagnement du temps en cantine et après l'école pour pouvoir faire les devoirs ». Une solution plus viable selon lui que d'accompagner plusieurs enfants.

Mais les représentants des AESH ne l'entendent pas de cette oreille. « Nous demandons un temps plein dès 24 heures d'accompagnement », indique Anne Falciola, co-animatrice du pôle national AESH CGT-Educ'Action. La syndicaliste redoute dans les propositions d'Emmanuel Macron une « extension des missions » des AESH.

Reste aussi à savoir qui financera cet accompagnement lors des pauses déjeuner et du temps périscolaire. Dans une décision de novembre 2020, le Conseil d'Etat avait estimé qu'il revenait aux collectivités territoriales d'assurer la charge financière des AESH lors des activités périscolaires et de la restauration scolaire.

Contractuels de l'Etat

Ce que réclament les syndicats d'AESH, c'est « la création d'un corps de métier de catégorie B au sein de l'Education nationale avec une grille indiciaire afférente », selon Anne Falciola. Recrutés par contrat de droit public, les accompagnements d'élèves en situation de handicap sont aujourd'hui des agents contractuels de l'Etat et ne disposent donc pas du statut de fonctionnaire.

Les syndicats réclament aussi l'abandon des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL). Mis en place en 2019, ils coordonnent l'activité des AESH auprès de plusieurs élèves dans différents établissements à l'échelle d'un territoire.

Des situations font apparaître que certains PIAL « font primer la gestion des ressources humaines sur la réponse aux besoins de l'enfant » selon la Défenseure des droits. Le ministère de l'Education nationale maintient cependant qu'ils offrent « une plus grande souplesse d'organisation » et « contribuent au développement progressif de l'autonomie des élèves en situation de handicap ».

Marius Bocquet

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