Le Brexit provoque parfois des réactions inattendues. Sur le campus londonien de l’université française Dauphine-Paris Sciences et lettres (PSL), qui a ouvert en 2014, quand la capitale britannique était sans doute au sommet de son attractivité, la sortie des Britanniques de l’Union européenne a posé un sérieux casse-tête administratif. Le 1er janvier 2021, quand le Royaume-Uni a officiellement quitté le marché unique, les quelque 200 étudiants en licence à Londres, essentiellement des Français, ont eu besoin d’un visa…
Il ne s’agissait pas d’une simple formalité. « C’était énormément de paperasse, avec une procédure très longue », soupire Cécile Sansalone, la directrice du campus londonien. Demandez à Juliette Sens ce qu’elle en pense. Cette étudiante a vu sa demande de visa disparaître dans les limbes des administrations, avant de finalement se débloquer peu après la rentrée de septembre 2021. « C’était très stressant, et je suis arrivée avec quelques semaines de retard. »
Depuis mars, Dauphine-PSL peut enfin respirer. Le campus londonien a obtenu l’accréditation de l’Office for Students, l’organisme public indépendant qui régule l’enseignement supérieur en Angleterre. Le processus a été long, et il a fallu adapter un certain nombre de pratiques, afin de rentrer dans les critères exigés. Mais, désormais, les étudiants de Dauphine-PSL à Londres peuvent obtenir un visa de trois ans, le temps de leur licence.
Paradoxalement, cette accréditation, nécessaire pour répondre au besoin d’étudiants, ouvre soudain de nouveaux débouchés. Le campus londonien de cette université parisienne peut désormais faire venir des étudiants du monde entier. Puisqu’un visa peut être décerné, pourquoi ne pas recruter des Chinois ou des Indiens ? La nécessité administrative est devenue une possibilité d’ouverture.
« L’internationalisation de l’université est l’un de nos axes stratégiques », confirme El Mouhoub Mouhoud, le président de Dauphine-PSL. Sur des promotions d’environ 90 élèves par an, seuls trois ou quatre étudiants ne sortaient pas d’un lycée français, il y a quelques années ; ils étaient sept l’année écoulée (de septembre 2021 à juin 2022), et l’objectif est d’atteindre une quinzaine l’an prochain, explique Maximilian Hoell, le directeur du programme de licence à Londres. Et voilà comment ce petit îlot londonien d’enseignement supérieur français entend s’ouvrir au monde et entrer dans le grand jeu de la concurrence pour les meilleurs élèves internationaux. « Cette présence à Londres est importante pour la promotion de la culture française et de la science, fait valoir El Mouhoub Mouhoud. Avoir une université française ici n’est pas neutre. » A l’écouter, il s’agit de projeter à l’étranger une certaine idée de l’éducation et de l’élitisme à la française.
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