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Alexis Grasset

Dans l’Utah, une passion stratégique pour l’apprentissage du français

Par  (Envoyée spéciale à Salt Lake City (Utah))
Publié le 01 août 2022 à 09h00

Temps de Lecture 6 min. Read in English

L’Utah, c’est l’Amérique version western. De vastes étendues désertiques, des grands parcs nationaux, des pick-up qui filent le long des routes à dix voies, la chaîne des montagnes Rocheuses en toile de fond. Dans ce décor de grands espaces, une curiosité inattendue : un millier de jeunes Américains parlent ici le français au quotidien.

« Pour moi, ça a été un choc », se souvient Claire Tocaven, une Française installée à Salt Lake City, la capitale de l’Etat, depuis cinq ans. « Je venais d’arriver, je discutais avec une voisine, et elle me dit : “Mon fils parle français !” L’enfant de 7 ans arrive, il entame la conversation avec moi, avec un bon accent. »

Le mystère a été vite résolu. Depuis 2008, l’Utah développe des classes d’« immersion en deux langues » dans ses écoles et collèges publics. La méthode est radicale : à partir du CP, les élèves suivent la moitié de leur journée dans une langue étrangère (espagnol, chinois, français, portugais) – dans la plupart des cas avec un professeur natif de la langue – et l’autre moitié en anglais, avec un second enseignant.

Pas un mot en anglais

« Le résultat est extraordinaire », juge Sophie Clairet, professeure des écoles arrivée en 2021 en Utah. Les élèves acquièrent des facultés de compréhension et une aisance à l’oral dès le plus jeune âge. L’enseignement mise sur la participation, l’utilisation du français entre enfants, la répétition, le jeu, la manipulation d’objets, la récompense et les chansons.

« Le monolinguisme, c’est l’illettrisme du XXIe siècle » – Gregg Roberts, ancien cadre de l’Utah State Board of Education

Ce matin-là, à l’école publique de West Jordan, dans la banlieue résidentielle de Salt Lake City, les élèves de third grade (CE2) entament une leçon de sciences. « Et pourquoi ces petites gouttes d’eau se sont-elles évaporées ? », interroge Elyse Brunet, leur maîtresse, une trentenaire qui a quitté Grenoble pour s’installer en Utah en 2021. Les réponses fusent. Pas un mot en anglais, tous les enfants de 8 ans jouent le jeu. « Mes élèves croient toujours que je ne comprends pas un mot d’anglais, souffle Elyse Brunet. L’autre jour, il y en avait un qui avait une contrariété, il est venu me voir en pleurant, il pleurait en français ! »

Aux Etats-Unis, le modèle de « l’immersion en deux langues » a commencé à se développer dans les années 1980 en Californie avec l’espagnol, pour répondre à la demande d’une population immigrée, et en Louisiane, avec le français. Depuis les années 2010, le mouvement connaît une accélération, notamment grâce à l’Utah, qui a multiplié les ouvertures de classes et formalisé les méthodes pédagogiques adoptées ailleurs, devenant une référence. Dans cet Etat, près de 65 000 jeunes de milieux sociaux très divers suivent leur scolarité en immersion dans deux langues, dont 9 000 en français.

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