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La filière edtech veut travailler main dans la main avec les professeurs

Le milieu scolaire est historiquement le parent pauvre de ce secteur. Les freins à lever pour faire décoller les start-up dans ce domaine restent nombreux.

Les outils du numérique sont un levier pour acquérir des nouvelles connaissances.
Les outils du numérique sont un levier pour acquérir des nouvelles connaissances. (iStock)

Par Adrien Lelièvre

Publié le 30 août 2022 à 09:14Mis à jour le 30 août 2022 à 09:25

Les edtechs qui proposent des solutions à destination du milieu scolaire (le segment K-12, dans le jargon) n'ont pas d'autre choix que de travailler avec les collectivités locales et le ministère de l'Education nationale. Or, les obstacles à lever pour faire travailler ces acteurs en bonne harmonie restent nombreux.

Il y a d'abord la question de l'ADN. La vitesse et l'agilité sont des marques de fabrique des start-up qui sont financées par des investisseurs parfois impatients. A l'inverse, l'Etat se caractérise par des cycles longs, une certaine lourdeur bureaucratique et une méfiance des acteurs privés.

« Ce sont deux mondes qui se connaissent mal », analyse Marie-Caroline Missir, la directrice du Réseau Canopé, un opérateur du ministère de l'Education nationale chargé de la formation des enseignants, et qui a travaillé dans le passé pour digiSchool, une edtech lyonnaise.

Créer des ponts

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Les professeurs ignorent parfois l'existence d'outils créés par les start-up ou ne savent pas les utiliser, faute de formation. Quant aux entreprises du secteur, « elles développent parfois des solutions qui ne sont pas forcément adaptées aux classes », décrypte Marie-Caroline Missir.

Pour créer des ponts entre ces mondes, le réseau Canopé a lancé un accélérateur pédagogique à destination des jeunes pousses de l'edtech. Il consiste à réunir les professeurs et les représentants de start-up afin qu'ils travaillent main dans la main sur des innovations pédagogiques.

Une démarche saluée par la filière. « L'un des freins à la croissance des entreprises de l'edtech en 2022 demeure la complexité de tester leurs solutions pédagogiques et numériques à grande échelle et d'ensuite convertir une expérimentation positive sur le terrain en acte d'achat pérenne », expose Anne-Charlotte Monneret, la directrice d'EdTech France, qui regroupe 450 start-up du secteur.

Culture de l'expérimentation

Mais les lignes bougent. Dans le cadre du programme les nouveaux territoires numériques (NTE), porté par Réseau Canopé et financé par France 2030, 69 solutions éducatives proposées par 34 éditeurs et start-up de l'edtech ont, par exemple, été retenues pour un test grandeur nature. L'objectif ? Contribuer à l'élévation du niveau des élèves et assurer une plus grande justice sociale entre les territoires.

« Ces solutions numériques vont être déployées par douze départements », précise Marie-Caroline Missir. De quoi mettre les start-up du secteur sur orbite ? « L'accès au marché reste ardu pour les entreprises, et ce malgré une perception positive du numérique à l'école, et des financements publics importants dans le cadre du plan de relance », tempère Anne-Charlotte Monneret.

L'un des grands obstacles demeure la complexité des strates décisionnaires : les mairies gèrent les commandes pour les écoles primaires, les départements s'occupent des collèges, tandis que les régions pilotent les lycées. Résultat : les edtechs ont besoin de ressources internes importantes pour comprendre le fonctionnement de ce mille-feuille et répondre aux appels à projets lancés par les collectivités. Et en cas de succès, le versement de l'argent peut prendre du temps, ce qui implique d'avoir de la trésorerie… Un problème pour des start-up peu financées.

Faciliter l'achat de solutions edtech

« Il y a une réflexion à mener pour faciliter les processus d'achat des solutions edtech », estime Marie-Caroline Missir. La filière milite, par exemple, pour la création d'un « chèque Edtech ». Il permettrait aux enseignants ou établissements d'avoir accès à une plateforme sur laquelle ils pourraient acheter des solutions numériques de leur choix.

Ce dispositif garantirait la liberté pédagogique des professeurs et dynamiserait le marché de l'edtech. « Il faut recentrer la décision d'achat au plus près des utilisateurs », insiste Marie-Christine Levet, la directrice du fonds Educapital.

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Dans le passé, la création du CPF par l'Etat (compte professionnel formation) a dopé les edtechs spécialisées dans la formation. Les jeunes pousses du scolaire rêvent du même destin.

Adrien Lelièvre

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