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Difficultés de recrutement : le gouvernement demande à Pôle emploi de passer à la vitesse supérieure

L'opérateur public travaille à un plan « Tensions » ciblant tous les chômeurs employables dans 23 métiers en manque de bras de trois secteurs : hôtellerie-restauration, transport de voyageurs et de marchandises, santé et action sociale. Le gouvernement prépare d'autres annonces pour venir en aide aux entreprises qui peinent à embaucher.

Le plan « Tensions » de Pôle emploi intervient un an après celui annoncé par l'ex-Premier ministre, Jean Castex.
Le plan « Tensions » de Pôle emploi intervient un an après celui annoncé par l'ex-Premier ministre, Jean Castex. (iStock)

Par Alain Ruello

Publié le 8 sept. 2022 à 16:47Mis à jour le 8 sept. 2022 à 17:06

Identifier les chômeurs positionnés sur un métier en tension pour les mettre en contact avec les employeurs en mal de candidats, quitte à les former au passage : c'est tout l'objet du plan « Tensions » que Pôle emploi est en train de concocter, à la demande expresse d'Olivier Dussopt. Non pas que le ministre du Travail pense que l'opérateur public ne se mobilise pas. Il veut juste qu'il passe à la vitesse supérieure, fait-on savoir dans son entourage, compte tenu du niveau inédit des difficultés de recrutement dont font état toutes les fédérations professionnelles depuis un an.

« Les tensions de recrutement perdurent et restent un enjeu majeur sur lequel Pôle emploi doit renforcer son action, dans la continuité des actions déjà engagées depuis 2021 dans l'ensemble des régions », indique en préambule la note sur le plan de la direction générale à l'attention de ses directions régionales dévoilée par différents médias et à laquelle « Les Echos » ont eu accès.

23 métiers ciblés

Pôle emploi, qui n'a pas souhaité commenter, a retenu les trois secteurs les plus en tension : l'hôtellerie-restauration, les transports de voyageurs et de marchandises, la santé et l'action sociale. En tout, 23 métiers, qui vont de l'employé d'étage au chauffeur-livreur en passant par l'aide-soignant, la liste pouvant être adaptée localement. A charge maintenant à chaque agence de constituer un « vivier » de demandeurs d'emploi immédiatement « employables dans ces métiers ou en mesure de les exercer moyennant une adaptation rapide ». Ceux inscrits depuis moins de trois mois seront ciblés en premier.

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Au vu des chiffres indiqués, ce vivier est estimé à 218.167 chômeurs dans l'hébergement-restauration, à comparer aux 83.455 offres d'emploi proposées dans ce secteur au premier trimestre. Ils seraient également 160.768 dans la santé (pour 71.390 offres d'emploi) et 143.014 dans le transport-entreposage (pour 24.358 offres d'emploi).

Les conseillers d'agence mobilisés devront mener des entretiens avec les demandeurs d'emploi pour vérifier qu'ils recherchent toujours l'un des 23 métiers, s'ils sont prêts à l'exercer et s'ils possèdent les compétences afférentes validées avec les fédérations professionnelles. Quitte, si ce n'est pas le cas, à réorienter la personne ou la diriger vers l'équipe de contrôle.

Ce plan doit faire l'objet d'une « communication vis-à-vis des entreprises après les annonces gouvernementales », vraisemblablement en octobre, poursuit la note. Il intervient pratiquement un an après l'annonce par l'ancien Premier ministre, Jean Castex, d'un plan déjà censé apaiser les difficultés de recrutement , qui n'a donc visiblement pas été efficace ou pas assez. Pour remédier au problème, l'exécutif pousse aussi pour une nouvelle réforme de l'assurance-chômage .

Pour la CGT, les conditions de travail ne suivent pas

Ce plan, « qui va mobiliser entre 1.500 et 2.000 conseillers, s'inscrit dans le discours ambiant du gouvernement », estime Guillaume Bourdic, élu CGT de Pôle emploi. En clair : l'opérateur obéit à une injonction du ministère quitte à changer la donne. « On nous demande de qualifier des demandeurs d'emploi en partant du seul besoin des employeurs, sans donc tenir compte de leurs spécificités ni du fait que les tensions sur certains métiers tiennent avant tout aux conditions de travail proposées », critique-t-il. Cela signe l'échec de l'ambition affichée par Pôle emploi de traiter toute offre d'emploi non pourvue au bout de 30 jours, ajoute-t-il.

Publiée fin juin, une étude de France Stratégie , un centre de réflexion rattaché à Matignon, allait dans ce sens. L'essentiel du problème provient de la gestion des ressources humaines au sein de l'entreprise qui recrute, la qualité du management, la réputation de l'entreprise, la psychologie de son patron ou encore les conditions de travail, concluait-elle.

Dans sa note, Pôle emploi rappelle d'ailleurs que les conseillers d'agence peuvent aiguiller l'employeur vers les DREETS (services déconcentrés de l'Etat) qui financent une prestation de conseil RH. « De façon générale, les entreprises de ces secteurs sont sensibilisées par leurs fédérations à l'importance d'élargir leur sourcing, de négocier les critères de leurs offres et les conditions d'accueil de leurs salariés », indique la Direction générale de l'opérateur.

Alain Ruello

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