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La semaine de 4 jours, ce n’est pas pour tout de suite dans l’administration

Si les expérimentations se multiplient dans le privé comme dans le public, elles restent toutefois confidentielles. Pour autant, ce système répond pleinement aux attentes des agents sur des formules de travail davantage personnalisées.

Le secteur public pourrait faire office de modèle en matière d’expérimentation autour de la semaine de 4 jours. C’est du moins ce qu’estime Jérôme Friteau, directeur des relations humaines et de la transformation de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), qui travaille actuellement à une expérimentation de la semaine de 4 jours au sein de son organisation, susceptible de démarrer en mars-avril 2023 sur un panel de 200 volontaires maximum et en priorité sur des métiers non télétravaillables.

“Le service public pourrait tout à fait avoir l’audace de servir de guide aux entreprises françaises en matière d’innovation sociale, explique-t-il. Un test pourrait s’envisager, dans le cadre du dialogue social, en priorisant les métiers non télétravaillables pour réduire le sentiment d’injustice sociale, avec un suivi rigoureux de l’évolution des indicateurs de performance du service public.” Comme dans la plupart des administrations, l’organisation du travail fait l’objet de nombreuses réflexions au sein de la Cnav. “Nous sommes passés de 17 à 79 % de télétravailleurs entre avant et après la crise du Covid, c’est un développement spectaculaire, détaille-t-il. Désormais, les attentes se situent sur des formules de travail davantage personnalisées.”

Pour l’heure, l’initiative de la Cnav, qui a déjà fait l’objet d’échanges avec les organisations syndicales, n’a pas encore remporté le succès escompté. “Il faut encore un peu de temps pour atteindre un certain niveau de maturité sur cette question”, constate Jérôme Friteau. L’idée reste également de faire participer des chercheurs en neurosciences afin de connaître les impacts de ce rythme de 4 jours sur la gestion du stress, la charge mentale ou encore la gestion des informations.

“Cette semaine de 4 jours doit s’accompagner de certaines contraintes, notamment au niveau du présentiel”, précise néanmoins Jérôme Friteau. Il est essentiel, selon lui, d’adapter les organisations aux attentes des collaborateurs. Il constate également que les agents sont de plus en plus nombreux à avoir “plusieurs vies”, au niveau personnel mais aussi professionnel, avec de moins en moins de tabous sur les activités en free-lance ou encore d’enseignement.

Réduction du stress et augmentation de la productivité

Cette semaine de 4 jours peut également être un bon outil d’attractivité pour une fonction publique qui en manque cruellement. “Nous avons besoin d’être attractifs et nous ne pouvons pas forcément l’être sur la rémunération, il faut donc au moins l’être sur les conditions de travail et dans cette perspective, la semaine de 4 jours peut être une bonne solution”, analyse Jérôme Friteau. Ailleurs, dans le secteur public, on peut noter quelques expérimentations de même nature, essentiellement dans des organismes de Sécurité sociale, mais ces exemples restent à la marge.

Si les entreprises privées sont nombreuses à déclarer travailler sur la thématique, dans les faits, la semaine de 4 jours ne concerne qu’une infime partie des effectifs. Les statistiques officielles du ministère du Travail ne mesurent la durée du travail qu’en heures et non en jours. Seulement 2,3 % des salariés ont travaillé entre 32 et 35 heures par semaine au premier trimestre 2022. Les réels bienfaits de ce rythme ont pourtant été mis en avant lors d’une expérimentation menée en Islande par la mairie de Reykjavik et le gouvernent islandais.

Ainsi, de 2015 à 2021, près de 3 000 Islandais du secteur public ont eu la possibilité de réduire de manière effective leur temps de travail de 40 à 35 ou 36 heures hebdomadaires, et la liberté de réorganiser leurs journées de travail afin d’être plus efficaces sur 4 jours. Les résultats de cette expérimentation ont été concluants et se sont traduits pas un maintien, voire une augmentation de la productivité des salariés. Selon Autonomy, le think tank chargé d’analyser les données issues de l’expérimentation, cette dernière a eu des effets positifs sur le bien-être des collaborateurs, mesurés par une réduction du stress et des cas de burn-out. Une piste qui reste donc à explorer.

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