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Crise de l'énergie : les poussins et la filière volaille face au mur

Les éleveurs de volailles ont vu le coût de l'énergie progresser de plus de 30 % au second trimestre, après 17 % au premier. Or, ils ont besoin de chauffer leurs bâtiments entre 28 à 31 degrés pour laisser grandir les poussins. Le prix du poulet pourrait grimper de 40 % sur deux ans pour absorber ces nouveaux coûts.

Pour un poussin de dinde, il faut une température de 31 degrés pendant 15 jours, et entre 28 à 30 degrés pour un poussin poulet.
Pour un poussin de dinde, il faut une température de 31 degrés pendant 15 jours, et entre 28 à 30 degrés pour un poussin poulet. (szefei/Shutterstock)

Par Dominique Chapuis

Publié le 10 sept. 2022 à 11:00Mis à jour le 10 sept. 2022 à 11:03

C'est le nouveau défi - et non des moindres -, de la filière volailles : absorber tant bien que mal le coût de la hausse des tarifs de l'électricité et du gaz. « Après l'envolée du prix de l'alimentation animale, nous sommes face au mur de l'énergie. Les prix s'affolent », interpelle Jean-Michel Schaeffer, le président d'Anvol, l'interprofession de la volaille qui compte quelque 14.000 exploitations dans l'Hexagone. Sur le premier trimestre, leur facture énergétique a progressé de 17 % comparé à la même période de 2020, et de plus 30 % sur le second. Et la note devrait continuer de grimper.

Au total, depuis la pression mise en 2020 sur les matières premières pour nourrir les animaux, accentuée par la guerre en Ukraine, l'interprofession estime que ses coûts de production ont bondi de 45 à 50 %, en y ajoutant, outre le gaz et l'électricité, l'inflation sur les emballages et le transport.

10 % à 15 % des coûts

Un nouveau coup dur pour la filière, alors que les élevages ont tout juste redémarré en juin, après une terrible grippe aviaire qui, pour la première fois, a frappé tous les espèces - des poulets aux dindes en passant par les canards ou les pintades. La production devrait ainsi chuter de 10 % en 2022, avec à la clé une perte de 500 millions d'euros pour la filière, sur un chiffre d'affaires de plus de 7 milliards d'euros.

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L'énergie représente aujourd'hui environ de 10 % à 15 % du coût total de production d'une volaille. C'est moins que l'alimentation, qui a elle seule pèse pour 60 % à 65 %. Mais les éleveurs ne peuvent pas s'en passer. Dans leurs élevages, ils ne peuvent réduire la température, nécessaire pour que les poussins puissent grandir.

« Pour un poussin de dinde, il faut rester autour de 31 degrés pendant environ deux semaines et entre 28 et 30 degrés pour un petit poulet avant de diminuer progressivement », précise le président.

Les bâtiments sont déjà conçus, pour la plupart, avec une isolation maximum. Difficile dans ces conditions de faire des économies d'énergie. Cet été, le gouvernement a mis la filière volaille sur la liste des secteurs qui ont besoin de baisser leur facture énergétique en urgence. Sans retour de l'administration depuis.

Une hausse des prix du poulet

Pour faire face à cette nouvelle charge, la profession réclame, comme dans le lait ou d'autres secteurs agricoles, une nouvelle hausse des prix, après celles déjà consenties par les distributeurs, les grossistes et les industriels l'an dernier pour l'alimentation animale.

« Il faudrait augmenter les prix de 5 % à 7 % d'ici à la fin de l'année, ce qui permettra à la volaille de rester compétitive. C'est aujourd'hui la viande la plus accessible », rappelle Gilles Huttepain, le président de la Fédération des industries avicoles, ancien patron du pôle amont du groupe LDC, leader européen de la volaille. Une augmentation qui porterait à 40 % environ la hausse du prix du poulet depuis 2020, soit quelque 90 centimes de plus pour une barquette avec un filet de 300 grammes.

La filière fonctionne via des contrats avec des organisations de producteurs et des transformateurs qui, jusque-là, absorbaient ces surcoûts des éleveurs. Reste à savoir si ce nouveau mur sera franchi.

« Ce modèle de la contractualisation est en danger, redoute Gilles Huttepain. Il va falloir que tous les maillons de la chaîne prennent en compte ces hausses pour assurer la pérennité de l'activité », prévient-il. Sinon, ce sont les importations qui vont bénéficier du rebond de la demande. Sur les cinq premiers mois de l'année, les ventes du secteur ont déjà grimpé de 13,6 %.

Dominique Chapuis

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