► Pourquoi avoir renforcé la place des maths en première ?

La réforme du lycée, introduite en 2019, donnait jusqu’ici peu de choix : poursuivre les maths comme l’une des trois spécialités (quatre heures par semaine en première, puis six heures pour ceux qui la gardent en terminale), ou bien abandonner cette discipline en fin de seconde.

La part des élèves étudiant les maths jusqu’à la fin du lycée a donc chuté. Les artisans de la réforme ont eu beau arguer qu’il était préférable d’avoir dans cette matière des lycéens moins nombreux mais plus motivés, le dispositif s’est heurté à des critiques croissantes, notamment pendant la présidentielle.

Aussi, tout juste réélu, Emmanuel Macron a-t-il annoncé début juin le lancement, en cette rentrée, d’un nouvel enseignement de maths, à raison d’une heure et demie par semaine pour les élèves de première n’ayant pas choisi cette discipline comme spécialité.

Emmanuel Macron aurait bien réintroduit les maths dans le tronc commun dès maintenant. Mais le délai se révélait trop court. Cette mesure attendra septembre 2023, a-t-il laissé entendre. Pour l’heure, seuls les élèves volontaires en bénéficient. C’est donc un retour des maths « en option » dans le tronc commun, en complément des deux heures hebdomadaires d’enseignement scientifique obligatoires.

► Cette « option » maths a-t-elle trouvé preneurs ?

Il est tôt pour avoir une vision exhaustive. Les lycéens visés par ce dispositif n’ont souvent bénéficié que de quelques jours de réflexion, à la toute fin de l’année scolaire. En ce mois de septembre, certains établissements leur offrent d’ailleurs une deuxième chance.

C’est le cas du lycée François-Joseph-Talma, à Brunoy (Essonne). « Cet enseignement ne compte que 11 inscrits sur les quelque 200 élèves qui pourraient le suivre », regrette Olivier Beaufrère, son proviseur, secrétaire national du syndicat SNPDEN. Vendredi 2 septembre, ce chef d’établissement a fait le tour des classes pour proposer à nouveau cette option. « J’ai bien vu à leur réaction que les élèves n’étaient pas intéressés. Dans leur tête, les maths, c’est déjà du passé. »

D’un établissement à l’autre, cependant, le contraste est fort. À La Providence, à Saint-Malo, l’option maths a rencontré un réel intérêt. « Plus d’un sur deux élèves concernés a choisi cette option », indique son chef d’établissement, Vivien Joby, président du Snceel (1).

► Qu’apporte ce nouvel enseignement ?

Cette option est évaluée en contrôle continu. Les notes ne sont pas prises en compte spécifiquement mais entrent dans la moyenne de l’enseignement scientifique.

Le but est surtout, affirme le ministère, « d’acquérir des compétences dans les domaines de l’analyse de l’information chiffrée, les phénomènes aléatoires et les phénomènes d’évolution (croissance linéaire et exponentielle, variations) ».

Mais le programme, assure Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public, obéit à « deux injonctions difficilement conciliables » : d’un côté, être accessible à tous ; de l’autre, préparer les élèves à suivre, pour ceux qui le souhaitent, l’option maths complémentaires en terminale.

Les maths complémentaires (trois heures par semaine) s’adressaient jusqu’ici essentiellement à des lycéens ayant arrêté la spécialité maths en fin de première mais qui voulaient poursuivre, à moindre dose, l’étude de cette discipline pour se donner plus de chance de rejoindre certaines filières du supérieur (psycho, Staps, voire économie ou médecine).

« En termes d’orientation, l’option en première n’apporte une plus-value que si l’on poursuit – avec de bonnes notes – en maths complémentaires en terminale », considère Vivien Joby.

► Avoir suivi l’option maths permet-il de réussir en maths complémentaires ?

On peut se demander si des élèves qui n’ont suivi en option qu’une heure et demie de maths par semaine peuvent, en terminale, se hisser au niveau de camarades qui ont bénéficié en « spé » de quatre heures de cours hebdomadaires. « En maths complémentaires, l’enseignant choisit six modules parmi neuf pour s’adapter au niveau et aux différents souhaits de poursuite d’études des élèves », tente de rassurer Charles Torossian, doyen de l’inspection générale de mathématiques.

Certains établissements, comme La Providence, à Saint-Malo, ont fait le choix de proposer en terminale deux groupes de maths complémentaires : l’un pour ceux qui ont abandonné la « spé » maths en fin de première ; un autre pour ceux qui ne l’ont pas suivie.

(1) Organisation de chefs d’établissement du privé sous contrat.