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Le permis de conduire, un « passage obligé » plus tardif et plus contraint

Les jeunes conduisent moins que les générations précédentes et se soumettent à l’examen de conduite de plus en plus tard, notamment en raison de son coût, créant ainsi un nouveau rapport au précieux sésame, loin de l’ancien « rite de passage » des 18 ans.

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Publié le 13 septembre 2022 à 07h00

Temps de Lecture 6 min.

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Aujourd’hui, comme chaque jour à l’auto-école ECF de Tours, le planning est plein à craquer. Les allées et venues de la dizaine de moniteurs venant chercher les élèves qui patientent sur le trottoir avant leur leçon de conduite sont incessantes. « C’est l’une de nos meilleures années en termes d’inscriptions », explique Sylvie Canetto, la responsable de l’agence. Selon elle, cette activité intense ne s’explique pas seulement par des reports liés à la crise sanitaire, mais aussi par la multiplication des possibilités de financement du permis, « qui permettent à des jeunes pour qui son coût était un frein il y a quelques années de se lancer », explicite la responsable.

De fait, le bilan des examens du permis de conduire passés en 2021, publié récemment, confirme le rebond des inscriptions après la crise sanitaire : sur les 905 000 personnes ayant obtenu le permis B, pas moins de 715 400 avaient entre 17 et 24 ans (un rattrapage clair de l’année 2020 qui avait vu ce total tomber à 524 800). Mais au-delà de l’effet rebond, ce nombre avait eu tendance, ces dernières années, à diminuer… Ce qui a alimenté l’idée d’une désaffection pour ce qui faisait auparavant figure de sésame qu’on tentait de décrocher à peine la majorité atteinte. Ainsi, 69 % des 18-24 ans ont le permis en 2022, contre 77 % en 2002, selon les chiffres de l’étude de référence « Parc Auto » menée par l’institut Kantar.

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L’évocation de ce désintérêt des jeunes fait sourire Sylvie Canetto, qui n’en voit « pas la trace » dans son auto-école. Comment, alors, analyser ce phénomène ? « Ce n’est pas tant que les jeunes passent moins le permis qu’avant, mais une partie d’entre eux le passent désormais plus tard, et pas dès 18 ans », affirme Hervé Marchal, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, qui a participé à la rédaction collective de l’ouvrage Les jeunes au volant (Editions Erès, sous la direction de David Le Breton, 264 pages, 25 euros).

Il met en garde contre une certaine vision « urbano-centrée » de la problématique transformant quelques faibles (parfois même contradictoires) signaux statistiques en un désintérêt de la jeunesse vis-à-vis du permis. Celui-ci serait alimenté, aime-t-on penser, par une sensibilité écologique plus affinée chez ces jeunes. N’utilisent-ils pas d’ailleurs plus que leurs aînés les autres moyens de transport (train, vélo, covoiturage, etc.) ?

Vision désenchantée

Sauf que si le permis marque le pas auprès des jeunes dans les villes et grandes agglomérations, les études montrent qu’il fait toujours l’objet, selon le chercheur, d’une « envie forte ». Mais il s’agit d’une « envie sous contrainte », financière notamment, chez ceux des zones rurales et périurbaines pour « qui la voiture reste l’unique moyen de transport et d’émancipation » : 77 % des 18-24 ans de milieu rural sont ainsi titulaires du permis, selon les chiffres de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) de 2021, contre 65 % des jeunes habitants des villes de 20 000 à 100 000 habitants, et… 50 % de ceux vivant dans l’agglomération de Paris où se tient d’ailleurs, le 18 septembre, une « journée sans voiture ».

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