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«Aujourd'hui, créer une start-up est l'option privilégiée des jeunes diplômés de grandes écoles»

Frédéric Mazzella et Maya Noël pour France Digitale avec Franck Sebag (EY)
Frédéric Mazzella et Maya Noël pour France Digitale avec Franck Sebag (EY) EB

Pour ses dix ans, France Digitale qui fédère start-up et investisseurs français tire un bilan de l'écosystème et alerte sur les principaux défis à relever pour la prochaine décennie.

En dix ans, les start-up se sont imposé le paysage français. Ces jeunes entreprises innovantes en forte croissance ont bouleversé des pans entiers de l'économie, faisant évoluer leur perception dans le grand public. «Nous étions une vingtaine au lancement de France Digitale. Nous devions expliquer ce qu’était une start-up, son fonctionnement... Dix ans après, l'état d'esprit a changé. Créer une start-up est l'option privilégiée des jeunes diplômés au sortir des grandes écoles», constate Frédéric Mazzella, cofondateur de BlaBlaCar et co-président président de France Digitale, à l'occasion des dix ans de la fédération qui rassemble entrepreneurs et investisseurs.

En dix ans, l'écosystème français a gagné en profondeur, il compte désormais 20.000 start-up et 400 fonds d'investissement. Certes c'est encore loin des 90.000 britanniques et des 78.000 allemandes, mais peu à peu l'hexagone refait son retard. Le décalage s'explique en partie par des mentalités différentes. Le dynamise de l'Allemagne repose sur la richesse de ses entreprises de taille intermédiaires (ETI), la Grande-Bretagne bénéficie de ses liens privilégiés avec les États-Unis. La France, partie plus tard, doit continuer son rattrapage à marche forcée. Partie plus tard, la French Tech poursuit sa croissance à marche forcée. Cela se traduit par la rapide montée en puissance des montants levés pour financer le développement de ces jeunes entreprises. En 2013, il était inférieur à 1 milliard. Cette année, la barre des 12 milliards d'euros devrait être franchie.

Le succès commercial est au rendez-vous. Aujourd'hui, les trois quarts des Français utilisent au moins un service proposé par une start-up française. «Ces entreprises répondent à des sujets actuels, amélioration du pouvoir d'achat, réduction de l'impact environnemental. Elles sont positionnées sur des marchés en forte croissance», analyse Maya Noël, directrice de France Digitale.

Croissance de 23% des revenus

Les start-up françaises affichent une croissance de 23% de leur chiffre d'affaires sur un an, selon le baromètre réalisé par le cabinet EY pour France Digitale. Les 583 start-up qui ont répondu à cette enquête ont engrangé 8,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière. Plus de 22% sont rentables et 39% d'entre elles estiment pouvoir doubler leurs revenus cette année. «Elles ont en moyenne levé 32 millions d'euros depuis leur création. Elles disposent de fonds, explique Franck Sebag, associé EY. Si le financement est une de leurs préoccupations, il arrive après le recrutement». En France, les tensions restent fortes. L'année dernière, 6.000 emplois nets, dont 87% en France, ont été créés par un échantillon représentatif de 400 start-up. La quasi-totalité continue à recruter cette année.

Tout n'est toutefois pas rose dans le panorama des start-up. L'égalité homme femme est loin d'être atteinte, seule 14% de ces entreprises ont une femme PDG! Ces jeunes sociétés sont aussi encore très dépendantes aux services proposés par les gigatechs américaines, pour l'hébergement de leurs données, les outils informatiques... «65% des entreprises interrogées se disent dépendantes aux Gafam, 73% utilisent un de leurs services», relève Maya Noël. Mais 8% d’entre elles n'utilisent aucun service de Gafam - comme quoi c'est possible — et 85% ont choisi de conserver leurs données dans des centres de stockage en France. Plus d'un tiers d'entre elles ont subi une cyberattaque l'année dernière et elles sont autant à avoir décidé de renforcer leurs dispositifs anti-cyberattaque, ce qui est finalement peu, au regard de la menace et des conséquences pouvant en découler.

D'autant que ces jeunes entreprises entendent bien devenir les géants de demain. Pour cela, elles sont de plus en plus nombreuses à miser sur les sujets à impact environnemental et sociétal. À l'image de BlaBlaCar qui estime contribuer à éviter l'émission de 1,6 million de tonnes de CO2 par an, soit l'équivalent des émissions de Paris. «Il est plus simple de construire dès le départ une entreprise plus respectueuse de l'environnement que de faire muter complètement le modèle d'une grande entreprise, constate Frédéric Mazzella. En matière d'environnement, le statu quo est une catastrophe, il faut innover, faire les choses différemment pour inverser la tendance». Pour le fondateur de BlaBlaCar, «le monde physique est sous-optimisé. La technologie bien appliquée peut faire des miracles». Un message d'optimisme qui tranche dans un climat macroéconomique marqué par les craintes de pénuries et de récession.

Maya Noël : «Pour recruter, les start-up font souvent du bricolage»

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3 commentaires
  • mordicus

    le

    Oui mais ils arrivent trop tard...
    La fête est finie.

  • anonyme

    le

    Ils ont malheureusement raison... C'est plus lucratif, et les grandes entreprises nomment maintenant leurs managers pour leur sexe, alors les valeurs de formation ou de modèles ont disparu, la compétence n'est plus une valeur. Ils gênent même... La société ne veut plus d'intelligence, on préfère maintenant l'idéologie. C'est un immense gaspillage, et tout le pays s'en ressent.

  • Yaka51

    le

    La startup qui ne sert à rien sauf à faire du fric sur le dos des français !

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