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Crise énergétique : ces usines françaises qui sont prises à la gorge

300 entreprises sont suivies de près par Bercy, a indiqué mardi le ministre de l'Industrie, Roland Lescure. Des dizaines de milliers d'industriels sont menacés par l'envolée des coûts énergétiques et réclament des solutions de court terme pour alléger leur facture.

Mal calibré, mal vendu, peut-être insuffisant, le « fonds Ukraine » a été spectaculairement boudé par les entreprises.
Mal calibré, mal vendu, peut-être insuffisant, le « fonds Ukraine » a été spectaculairement boudé par les entreprises. (GUILLAUME SOUVANT/AFP)

Par Basile Dekonink

Publié le 20 sept. 2022 à 12:30Mis à jour le 21 sept. 2022 à 08:07

Plusieurs dizaines de milliers d'industriels en souffrance, dont plusieurs centaines sous surveillance accrue de l'Etat . Alors que la facture énergétique flambe dans de nombreux secteurs et chez les entreprises de toutes tailles, 300 sont suivies de près par Bercy et seulement une centaine ont bénéficié à cette heure du « fonds Ukraine » - le dispositif de soutien déployé par l'exécutif pour les structures de plus de 10 salariés.

Interrogé mardi sur Sud Radio sur le « risque de décrochage » des industriels cet hiver, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a indiqué que ce dernier était pour l'instant « limité » à « quelques dizaines d'entreprises, un peu plus de 300, qui nous alertent en disant 'là, je peux plus, il va falloir faire quelque chose' ». Un chiffre qui tranche cependant nettement avec les remontées des différentes fédérations (Fédération des entreprises et entrepreneurs de France, Mouvement des entreprises de taille intermédiaire, Confédération générale des petites et moyennes entreprises…), qui pointent, elles, un risque bien plus généralisé dans le tissu industriel.

Le flop du « fonds Ukraine »

Ces quelque 300 entreprises sont en réalité celles qui sont suivies par Bercy après s'être signalées auprès des commissaires aux restructurations et prévention des difficultés d'entreprises (CRP), précise le cabinet de Roland Lescure. Détachés en région, auprès des préfets, ces fonctionnaires agissent traditionnellement comme des médiateurs auprès des entreprises en difficulté et aident à négocier des soutiens ou à obtenir une médiation du crédit.

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Les dossiers les plus sensibles sont ensuite remontés vers les services de Bercy, qui flèchent vers les différentes dispositifs en place - PGE « résilience », prêt à taux bonifié par l'Etat ou le fameux « fonds Ukraine ». Celui-ci, qui permet de débloquer des soutiens allant jusqu'à 2, 25 ou 50 millions d'euros en fonction de la situation de l'entreprise, a donc bénéficié à une centaine d'entreprises.

Pourquoi aussi peu d'élus malgré l'urgence de la situation ? Mal calibré, mal vendu, peut-être insuffisant - de « 1 à 2 millions d'euros » ont été débloqués pour le verrier Duralex alors que sa facture annuelle s'élève à 13 millions, a indiqué Roland Lescure -, le « fonds Ukraine » a d'abord été spectaculairement boudé par les entreprises. Seulement 50 millions ont été décaissés sur un budget de 3 milliards, a indiqué, lundi, la ministre déléguée aux PME, Olivia Grégoire. Les critères d'éligibilité, trop restrictifs, ont été revus en urgence.

La liste des interruptions s'allonge

Mais les industriels réclament surtout autre chose que cette mesure rétroactive et complexe qui ne règle pas, en l'état, le problème de leur facture. Confrontés à des prix de l'électricité et du gaz qui explosent pour l'année 2023, les entreprises qui doivent renégocier leurs contrats en ce moment ont le plus grand mal à se fournir en énergie sans mettre en péril leurs équilibres économiques.

« Ce qu'on déplore, c'est le manque de leviers pour faire baisser les prix dès maintenant », pointait dans « Les Echos » Gildas Barreyre, président de la commission électricité de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). Dans la liste des solutions préconisées pour 2023 figure comme en 2022 la hausse des quotas d'électricité nucléaire vendue à prix régulé (Arenh) ou encore le plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité comme l'a mis en oeuvre l'Espagne - avec un système qui fait rêver le Medef.

Or, pour le gouvernement aucune de ces solutions ne semble accessible à court terme. Sur le sujet de l'Arenh, les discussions en cours sur le retrait de la cotation d'EDF compliquent les choses, et sur le plafonnement du prix du gaz dans la production d'électricité , les discussions doivent reprendre à Bruxelles le 30 septembre car une mise en oeuvre de ce mécanisme en France exclusivement serait inefficace.

En attendant, la liste des industriels contraints de stopper ou limiter la production s'allonge : les verriers Duralex et Arc, le sidérurgiste Ascometal, le fondeur Aluminium Dunkerque, le fabricant d'engrais Borealis...

Basile Dekonink

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