Tourisme : les tour-opérateurs français se sont refait une santé durant l'été
Frappée de plein fouet par la crise du Covid, la filière a profité de la reprise du tourisme durant la période estivale, même si près de 20 % de ses clients manquent encore à l'appel. Son chiffre d'affaires est en revanche revenu proche de son niveau de 2019.
Par Yann Duvert
Après avoir mangé leur pain noir pendant deux ans, les tour-opérateurs ont enfin eu droit à leur part du gâteau. Comme l'afflux de réservations le laissait présager lors du deuxième trimestre, la période estivale a été bonne, voire très bonne, pour la plupart des acteurs de la filière.
Le Syndicat des entreprises de tour operating (Seto) vient ainsi de dévoiler pour la filière un chiffre d'affaires global proche de son niveau d'avant Covid (-9 %), à 1,7 milliard d'euros. Et si le secteur a « perdu » près de 20 % de ses clients en route, ses revenus ont été soutenus par les hausses de prix dans l'aérien ou l'hôtellerie, et par un allongement de la durée des séjours. Globalement, le panier moyen de ses clients a connu une hausse comprise entre 10 % et 20 %, selon différentes estimations.
Chiffres « stratosphériques »
TUI France, filiale tricolore du leader mondial du tourisme, a par exemple fait part de « résultats extrêmement positifs » avec un « record historique » en matière de remplissage dans ses clubs Marmara et Lookéa. Le spécialiste des voyages dans les îles, Exotismes, évoque lui une « excellente année 2022 » due à la réouverture de l'ensemble des destinations desservies. « Les chiffres sont stratosphériques : +45 % sur la République dominicaine, +40 % sur les Antilles françaises, +37 % sur La Réunion », se félicite son président, Gilbert Cisneros.
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De son côté, Voyageurs du monde enregistre une augmentation de 20 % de ses revenus par rapport à 2019, quand ceux de NG Travel (Directours, Kappa, Jet Tours) ont bondi de plus de 50 %. « L'été a démarré tard, avec des prises de commande à partir de février au lieu de décembre, mais il a finalement été bien meilleur qu'il y a deux ans », selon son PDG Olivier Kervella. Avec 811 millions d'euros sur le premier semestre, le Club Med revient lui aussi à un niveau proche de 2019. D'autres entreprises, positionnées sur un segment plus économique, ont en revanche pu souffrir davantage.
« On est très content de l'été, atteindre quasiment le niveau de 2019 en 2022, c'est magnifique », se réjouit René-Marc Chikli, le président du Seto. « C'était important, le secteur a été très bien soutenu et la reprise arrive à la fin des aides, donc on ne note pas de difficultés particulières chez les tour-opérateurs ».
Un hiver incertain
Malgré tout, la prudence reste de mise au sein de la filière. « Juillet et août ont été le reflet de la forte période de réservations post-Covid au deuxième trimestre, mais elles sont retombées pendant l'été à leur niveau de 2019 », relève Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du monde. « Début septembre, cela semble toutefois repartir ». « On a une visibilité sur trois mois seulement », déplore quant à lui Olivier Kervella, notant que les voyageurs se décident de plus en plus tardivement.
Nuages économiques
Simple rattrapage de la crise sanitaire ou croissance retrouvée de manière durable ? La question brûle les lèvres et le moment de vérité approche, alors que les nuages s'amoncellent sur le front macroéconomique. Certaines destinations long courrier pourraient souffrir cet hiver de la faiblesse de l'euro face au dollar, tandis que la hausse des prix n'est pas de nature à rassurer.
« La principale incertitude réside dans la capacité du marché à absorber les augmentations », résume René-Marc Chikli. Quant à la guerre en Ukraine, « on ne mesure pas d'effets négatifs sur les intentions de voyage, à part pour les pays concernés », selon Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage.
Yann Duvert