Publicité
Interview

Gérald Darmanin : « Je passe actuellement un tiers de mon temps sur le dossier de la sécurité des JO »

Face au besoin de recruter 25.000 personnes pour sécuriser les JO de Paris 2024, le ministre de l'Intérieur va annoncer quelques mesures au Congrès national de la sécurité privée qui démarre ce jeudi, à Annecy.

Gérald Darmanin explique passer un tiers de son temps sur le dossier de la sécurité des JO.
Gérald Darmanin explique passer un tiers de son temps sur le dossier de la sécurité des JO. (ERIC DESSONS/JDD/SIPA)

Par Matthieu Quiret

Publié le 22 sept. 2022 à 07:27Mis à jour le 22 sept. 2022 à 10:01

Le Congrès national de la sécurité privée démarre ce jeudi à Annecy avec en ligne de mire deux rendez-vous cruciaux pour ce secteur : la Coupe du monde de rugby dans un an et surtout les JO de Paris dans plus d'un an et demi. Ce dernier événement met les entreprises de la sécurité sous tension qui doivent beaucoup recruter d'ici là. Le ministre de l'Intérieur, qui défendra dans quinze jours la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi), compte intégrer plusieurs dispositions en direction des entreprises.

Comment peut-on garantir la sécurité des JO quand le secteur peine à assurer ses missions actuelles ?

Il faut environ 25.000 agents de sécurité privée en plus pour les JO, ce qui représente 20 % du total de la profession, qui compte 130.000 personnes. Ce secteur rencontre deux difficultés, 50 % de leurs effectifs ne renouvellent pas leur carte, c'est un métier qui ne fidélise pas, il y a un grand turnover. Et il souffre d'une faible féminisation et n'encourage pas assez le recours à la technologie.

Publicité

Pour fidéliser les agents de sécurité, il faut que la filière puisse proposer des salaires plus élevés, à la hauteur des responsabilités confiées et qui peuvent être dangereuses. Cela passe par les négociations en cours entre les syndicats et les employeurs et j'espère qu'elles aboutiront dans les prochaines semaines. Mais il faut que cela aille de pair avec les garanties que les donneurs d'ordre offrent au personnel mobilisé. J'ai une discussion actuellement avec le Comité d'organisation des JO pour accroître l'attractivité économique des marchés qui sont attendus en fin d'année, en tenant notamment mieux compte de l'inflation.

Les professionnels parlent de 42.000 agents à recruter. Est-ce réaliste en si peu de temps ?

Je passe actuellement un tiers de mon temps sur le dossier de la sécurité des JO et je m'implique personnellement pour soutenir la profession comme je le fais en me rendant à Annecy ce jeudi à leur congrès. Nous allons créer une direction des entreprises au ministère, qui sera notamment l'interface avec les sociétés de la sécurité privée qui jouent un rôle très important.

Par ailleurs, j'ai demandé aux préfectures, en lien avec Pôle emploi d'appeler les dizaines de milliers de personnes en France qui ont une carte professionnelle mais sont inscrites au chômage pour les motiver à venir retravailler dans le secteur. Nous allons aussi créer un titre spécifique provisoire pour les JO à destination notamment des étudiants. Nombre d'entre eux veulent travailler pendant l'événement et moyennant une formation, il n'y a pas de raison qu'ils ne puissent pas devenir agent privé de sécurité.

Certains dénoncent un nivellement par le bas du métier...

Nous sommes loin de la situation d'il y a deux ou trois ans puisque nous avons reformé le Cnaps (Conseil national des activités privées de sécurité), l'autorité de régulation et de contrôle de la profession et nous avons durci les conditions d'obtention de la carte. Il faut désormais parler français, être en situation régulière depuis cinq ans, avoir fait l'objet d'une enquête de moralité qui inclut l'interrogation des fichiers de police, etc. La formation écourtée que vous avez évoquée correspond au titre « grands événements » qui garantit l'apprentissage des fondamentaux.

Mais il reste encore une marche à gravir dans la montée en compétences pour les JO car il s'agira de parler anglais, etc. L'Etat va s'engager au Congrès à financer la formation obligatoire de maintien et d'acquisition des compétences (MAC) de 64.000 agents sur ces deux prochaines années, soit un coût de 13 millions d'euros porté notamment par le ministère du Travail d'Olivier Dussopt.

Quant à l'emploi d'étudiants, il faut rappeler qu'il y a parmi les différents métiers pour assurer la sécurité d'un stade certains postes plus accessibles. Et puis gérer une épreuve de water-polo, ce n'est pas la même chose qu'une finale de la Ligue des Champions.

Envisagez-vous le recours aux reconnaissances faciales par caméras ?

Le parlement travaille sur ce sujet, avec un rapport attendu de l'Assemblée nationale d'ici trois mois sur les technologies de sécurité et les droits à l'image, après un rapport du Sénat en mai. Avec Amélie Oudéa-Castera, nous verrons ce que nous pourrons intégrer dans la loi spécifique aux JO.

Dans votre loi, que faites-vous pour renforcer la cybersécurité des entreprises ?

Publicité

Sur les 15 milliards d'euros de la Lopmi, la moitié concerne le numérique car la moitié des escroqueries aux entreprises et particuliers sont désormais en ligne. L'an dernier, 260.000 procédures ont été engagées, en hausse de 20 %, à comparer aux 400.000 pour violence familiale, c'est dire l'étendue du phénomène. 11.282 cyberattaques sur des entreprises et des collectivités ont été signalées à la police l'an dernier. La plateforme de signalement Thésée, ouverte en mars, a déjà recueilli 48.000 signalements d'escroqueries en ligne.

Nous allons former 1.500 cyberpatrouilleurs qui enquêteront sur les délits en ligne. Un dispositif dédié, le « 17 cyber », sera mis en place en 2023 pour les victimes d'attaque.

Matthieu Quiret

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité