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5 initiatives en entreprise pour faire avancer l'égalité des chances

Accueillir des stagiaires issus de BTS, intervenir auprès d'étudiants en filières professionnelles, proposer des bourses pour aider les femmes de quartiers prioritaires à devenir développeuses… Des entreprises s'engagent pour que l'insertion professionnelle des jeunes soit plus égalitaire.

Bourses, mentorat, stages... Des entreprises ont mis en place des programmes pour favoriser l'insertion professionnelle de jeunes.
Bourses, mentorat, stages... Des entreprises ont mis en place des programmes pour favoriser l'insertion professionnelle de jeunes. (iStock)

Par Chloé Marriault, Samuel Chalom

Publié le 26 sept. 2022 à 08:01Mis à jour le 26 sept. 2022 à 08:58

· Publicis : des stages réservés aux étudiants en BTS pour recruter davantage d'enfants d'ouvriers

« Nos recrutements manquaient de diversité . » Voilà le constat dressé par Leïla Grison, directrice Diversités, équité et inclusion au sein de Publicis France. ​« Notre mission est de communiquer auprès de divers publics. Nous avons un pouvoir d'influence énorme. Comment adresser les bons messages quand nos équipes ne sont pas représentatives de la société ? »

La plupart de ses stagiaires, alternants et recrues étaient traditionnellement issus d'écoles de communication, de commerce, d'ingénieur, de Sciences Po ou d'écoles d'art. « Des établissements où les profils des étudiants sont assez peu diversifiés », observe Leïla Grison.

Pour diversifier son sourcing, le groupe publicitaire lance en janvier 2021 le programme Publicis Track. Depuis, 80 stagiaires en ont bénéficié, tous en BTS communication, issus de cinq lycées partenaires à Paris et en région parisienne ancrés dans des territoires avec une forte mixité sociale. Pourquoi le BTS ? Parce que les enfants d'ouvriers y sont bien plus nombreux que les enfants de cadres (23 % versus 15 %), d'après l'Observatoire des inégalités.

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23 %

de stagiaires de quartiers prioritaires C'est l'objectif du groupe Publicis pour 2023. Aujourd'hui, 14 % des stagiaires sont étudiants ou résident dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).

Durant leur temps en entreprise, ces stagiaires suivent des ateliers sur la confiance en soi, les soft skills, l'utilisation de LinkedIn, etc. « De quoi mieux appréhender les codes de l'entreprise et des métiers auxquels ils se destinent, et surtout, oser voir plus grand », insiste Leïla Grison. Douze stagiaires se sont ainsi vus proposer une alternance dans une agence Publicis à l'issue de leur BTS, au moment d'entrer en Licence.

Le groupe veut accélérer : en novembre prochain, 45 nouveaux étudiants en BTS communication seront accueillis en stage. A ce jour, 14 % des stagiaires accueillis chez Publicis (tous stages confondus) sont étudiants ou résident dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Objectif pour 2023 : passer à 23 %.

· ba&sh : des bourses pour aider les femmes de quartiers prioritaires à devenir développeuses

Il y a quelques mois, la marque de prêt-à-porter ba&sh, fondée par Sharon Krief et Barbara Boccara, a lancé la campagne « Blazers for Trailblazers ». Le but était de soutenir, avec les ventes de vestes, le projet de femmes entrepreneures inspirantes. Parmi elles, Chloé Hermary, fondatrice de l'école d'informatique Ada Tech School, a décidé d'utiliser cette dotation pour créer la bourse « Ada Tech School x ba&sh », qui permet de financer la formation de dix femmes âgées de 18 à 25 ans.

D'un montant de 8.000 euros, cette bourse cherche à accompagner les jeunes femmes de quartiers prioritaires ou de lycées REP. Mais « ce n'est pas une condition obligatoire », précise Chloé Hermary, ne voulant pas exclure d'autres jeunes femmes par exemple de milieux ruraux. Le critère de sélection, non négociable lui, est le fait de ne bénéficier d'aucune autre aide à la formation. « Nous voulons venir en aide à celles qui ne seraient éligibles à aucune aide et dont la situation financière les empêcherait de se tourner vers nous », précise la fondatrice de l'école.

Les premières promotions de boursières feront leur rentrée en octobre et en janvier prochain, sur les campus parisien et nantais de l'école. Et l'expérience ne devrait pas s'arrêter là : Chloé Hermary et les fondatrices de ba&sh se préparent déjà à perpétuer le dispositif l'an prochain.

· KPGM : des partenariats avec des lycées, pour accompagner l'insertion professionnelle des jeunes en Bac pro et BTS

« Les jeunes en filière professionnelle ont souvent des difficultés à trouver des stages intéressants et ont le sentiment que le champ des possibles est restreint », remarque Bouchra Aliouat, directrice de l'engagement citoyen chez KPMG France.

Avec 'Les lycées de la réussite', programme lancé il y a quinze ans, le cabinet d'audit et conseil, a voulu « lever les plafonds de verre, faire découvrir des métiers et parcours aux étudiants, leur créer un début de réseau, et faciliter leur insertion professionnelle », énumère la responsable. Aujourd'hui, sont suivies des classes de Bac pro et BTS dans 39 lycées en France dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (ou qui reçoivent une majorité d'élèves y résidant).

Ces partenariats permettent de faire intervenir des salariés de l'entreprise auprès des élèves au moins trois fois par an dans chaque classe parrainée pour animer des ateliers sur l'orientation, le savoir-être, le monde de l'entreprise. Ils proposent aussi un coaching personnalisé, en conseillant de manière individuelle les élèves sur leur CV, leur lettre de motivation, et en les préparant à un entretien. Des classes parrainées bénéficient en outre d'ateliers pédagogiques animés par des coachs externes, notamment par des associations.

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Autre intérêt de ce programme : permettre aux jeunes de découvrir l'entreprise de l'intérieur. Les élèves de terminale et en première année de BTS passent une journée dans les bureaux de l'entreprise, d'autres une demi-journée.

Sur l'année scolaire 2021-2022, plus de 2.600 jeunes ont bénéficié de ce programme, et 39 ont fait un stage en entreprise. A ce jour, près de 400 salariés de KPMG parrainent une classe. Une mission effectuée sur leur temps de travail.

· Amazon : des bourses et du mentorat pour les jeunes femmes attirées par les métiers du numérique

Depuis septembre 2020, le géant du numérique accompagne chaque année 30 étudiantes boursières au sein d'un programme baptisé « Amazon Future Engineer ». L'idée ? Sensibiliser et accompagner ces jeunes femmes, issues des QPV et des établissements des réseaux d'éducation prioritaire (REP et REP +), vers les études et métiers de l'informatique.

Comment ? En leur proposant une bourse pouvant aller jusqu'à 7.500 euros par an pour financer leurs études d'informatique au sein des écoles Epita et Epitech - dont les formations durent cinq ans -, mais également en « les accompagnant via un mentorat réalisé par un collaborateur d'Amazon », explique Olivia Hayot, la responsable du programme au sein d'Amazon.

Ce dispositif a pu voir le jour grâce à un partenariat avec l'association Article 1, qui « forme les salariés volontaires de l'entreprise à accompagner le mieux possible ces jeunes filles », indique aussi Olivia Hayot.

Même si Amazon n'a pas encore le recul nécessaire pour mesurer l'insertion professionnelle de ses premières « promos », puisque le programme n'a été lancé qu'il y a deux ans, Olivia Hayot constate que les jeunes femmes sont déjà nombreuses à avoir « décroché des stages dans des entreprises renommées ». Côté mentors chez Amazon, les retours sont très positifs, comme Amadou, qui suit la jeune Emilia, originaire de la banlieue lilloise et désormais étudiante chez Epita. « Je n'ai pas fait cette école mais j'ai trouvé un collègue chez Amazon qui a étudié là-bas et j'ai organisé une conférence à trois pour qu'Emilia bénéficie de son expérience », témoigne-t-il.

Derichebourg Multiservices : les salariés cadres parrainent des jeunes suivis par l'association NQT

Tout est parti d'une rencontre avec l'association NQT, qui accompagne les jeunes diplômés de quartiers prioritaires ou de milieux défavorisés dans leur insertion professionnelle. Boris Derichebourg, président de Derichebourg Multiservices, un opérateur de services externalisés (intérim, propreté, logistique, etc.), a l'idée de mettre en lien les enfants de ses salariés non-cadres (80 % des 35.0000 salariés) avec l'association.

Mais l'initiative ne va pas que dans un sens. « Nous avons aussi voulu proposer à nos salariés cadres de devenir parrains ou marraines d'un jeune suivi par NQT », relate Delphine Esculier, directrice RSE de Derichebourg Multiservices. À ce jour, une trentaine de cadres de l'entreprise font partie de l'aventure. « D'après les retours d'expérience que l'on a pu avoir de leur part, nos salariés ont le sentiment d'être utiles et, surtout, d'apprendre et d'évoluer grâce à ces jeunes », s'enthousiasme-t-elle.

Surtout, l'accompagnement dépasse le strict cadre professionnel. « Nous apportons souvent une aide administrative à ces jeunes, par exemple lorsqu'il s'agit pour eux de remplir un formulaire, ce qu'ils n'ont pas forcément l'habitude de faire », pointe Delphine Esculier. Et pour l'entreprise, ces parrainages peuvent constituer un intéressant vivier de recrutement. Au total, une cinquantaine de jeunes ont été parrainés par des cadres de Derichebourg Multiservices et certains d'entre eux ont signé un CDI dans l'entreprise à la suite de leur parrainage.

Et aussi :

LVMH (propriétaire des « Echos ») parraine depuis 12 ans le défilé « Cultures et Création » à Montfermeil, en banlieue parisienne. Deux prix sont remis à cette occasion par le géant du luxe à de jeunes talents de la mode, à qui le groupe propose notamment un coaching par des professionnels et donne la possibilité de réaliser un stage ou une alternance dans l'un de ses ateliers de couture.

Thales a commencé à recruter sans CV en 2015, sur son site d'Etrelles (Ille-et-Vilaine), spécialisé dans la microélectronique. Pour des postes d'assemblage et de contrôle, des candidats passent des tests de dextérité (jeux de construction, dessin, maniement de produits…), suivis d'un entretien fondé sur la motivation. Ils intègrent ensuite un centre de formation pendant trois mois. L'intérêt : aller au-delà des diplômes et expériences pour se concentrer sur les compétences et l'envie d'apprendre.

Orange a constaté que certains élèves avaient beaucoup de difficultés à trouver un stage de 3e, voire n'en trouvaient pas, faute de réseau. Pour y pallier, le groupe a décidé d'accueillir davantage de stagiaires issus de collèges situés en REP et REP +. Il a accueilli 1.400 collégiens dans ce cas sur l'année scolaire 2021-2022. Une partie, éloignée des locaux de l'entreprise, a pu effectuer son stage à distance, avec le même programme que ceux sur site.

Google a lancé des Google ateliers numériques en 2012, un programme de formations à distance ou en présentiel qui permet entre autres d'apprendre à faire un CV en ligne, à réussir un entretien en ligne ou à chercher un emploi sur Internet. L'entreprise a noué des partenariats locaux avec Pôle emploi et dispensé des ateliers à 168.000 demandeurs d'emploi en dix ans. Elle intervient aussi auprès de Missions locales et travaille avec Diversidays, association d'égalité des chances, pour former des jeunes issus de la diversité.

Samuel Chalom et Chloé Marriault

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